Le Porteur d’Histoire, une épopée haletante
Cela faisait un moment que je souhaitais voir Le Porteur d’Histoire d’Alexis Michalik. J’avais notamment entendu de très bons retours sur sa pièce Edmond et le titre du Porteur d’Histoire m’attirait beaucoup. On nous promettait une extraordinaire aventure littéraire avec une bonne dose de suspens et de rebondissements.
Je suis donc allée au Théâtre 100 noms, situé au Hangar à bananes sur l’Île de Nantes. On ne s’en rend pas forcément compte de l’extérieur mais le lieu est doté d’une assez grande salle de théâtre à l’italienne – fauteuils de velours rouge, balcons et ornements dorés.
Les cinq comédiens et comédiennes s’installent l’un.e après l’autre au centre de la scène, tous.tes habillé.es de la même façon et observant le public. Ils discutent directement avec nous et attrapent ainsi notre attention dès le début. Un questionnement commence autour de l’Histoire (avec un grand H) et des autres types d’histoires, sur leur définition et sur leur rôle, des pistes de réflexion sont lancées permettant de mieux se saisir par la suite du récit.
« Chaque pays, chaque continent, chaque ville a sa propre vision de l’histoire (…). Et dans tout récit historique, il y a, comme son nom l’indique, une part de récit. (…) L’Histoire est subjective. Ce qui veut dire que tout ce qui nous définit, notre identité, notre passé n’est qu’un récit »
La scénographie est simple, les costumes sont à vue et permettront aux comédien.nes d’incarner tout au long de la pièce plusieurs personnages, le but n’est pas de cacher l’illusion mais de mettre les artifices du théâtre au service du récit. Par rapport au jeu, j’aurais parfois préféré un jeu plus subtil laissant plus de place à l’émotion. Certains personnages sont un peu caricaturaux mais c’est aussi ça qui fonctionne et qui fait rire le public.
Un grand tableau noir en ardoise trône au milieu de la scène, durant toute la pièce, il servira de support au récit et permettra de mettre en lumière certains éléments, de tisser des liens entre eux, semblable à une véritable enquête. Les jeux de lumière permettent également de mieux comprendre les différents lieux et temporalités.
Nous allons suivre entre autres l’histoire de Martin Martin, celui-ci rencontre en Algérie Alia Benmahmoud et sa fille Jeanne, et commence à leur raconter une histoire, son histoire, l’histoire de son père, reliée à celle d’Adélaïde Saxe de Bourville (personnage ayant vécu au XIX° siècle) et de l’immense trésor de leur famille, prenant pour toile de fond la guerre d’Algérie. Seront alors convoqués plusieurs personnages fictifs et historiques comme Eugène Delacroix et Alexandre Dumas. J’ai été vraiment happée par l’histoire et j’attendais le dénouement avec impatience.
Ces nombreux récits enchâssés nous plongent dans une épopée haletante où les livres et la mémoire occupent une place importante. Cette pièce nous offre aussi un beau rappel sur ce qu’est l’essence même du théâtre : raconter des histoires.
Chronique de Loane Donniou
Lien vers le site du Théâtre 100 Noms : https://theatre100noms.com/