26 octobre 2020

Calamity Job a parfaitement fait son job

Vendredi soir 23 octobre, il est 19h et le Théâtre de Poche Graslin accueille sa deuxième représentation de la pièce Calamity Job. Cette pièce est mise en scène par Patricia Thévenet et écrite par Jacques Chambon que certains connaissent notamment sous les traits du personnage de Merlin dans Kaamelott.

Mais sur scène point de courage chevaleresque et de quête mystique, non. Ici la coupe du Graal est une tasse de café tiède, la table ronde est un bureau carré équipé d’un PC portable et d’un téléphone et le roi n’est rien d’autre qu’un directeur cravaté qui a fait une business school. En effet, Calamity Job a pour cadre le monde du travail et nous narre la journée de travail, assez particulière, de Martine, secrétaire un peu dépassée, joué par Sabine Messina, du responsable intermédiaire Chastaing, joué par Laurent Lacroix et de Favreau, interprété par le grand Luc Chambon qui par sa taille incarne parfaitement le directeur imposant.  La pièce démarre, les personnages sont introduits jusqu’à ce que Martine apprend qu’elle est délocalisée en Roumanie (c’est-à-dire poussé à la porte). De cette nouvelle, accueillie fraichement par la secrétaire, la journée initiale va prendre une toute autre allure et les rapports entre les personnages qui n’étaient que professionnelles vont prendre une toute autre forme.

À travers les dialogues, souvent drôles, et des différentes situations des personnages, la pièce évoque de nombreuses thématiques trop souvent présentes dans le monde du travail: le sexisme, la patriarcat, l’âgisme, le mépris de classe… Un milieu parfois impitoyable et cynique où on en vient à récompenser ceux qui licencient des employés à des fins économiques. Cependant, la pièce réussit à nous faire continuellement rire de ces thématiques ainsi que de ces personnages stéréotypés mais qui ne sont pourtant parfois pas si loin de la réalité. Les trois comédiens arrivent parfaitement à donner chair à ces personnages et à nous les faire apprécier au fur et à mesure que leur vie professionnelle ou personnelle s’effrite. Chaque élément présent sur scène est bien utilisé et présente son utilité notamment le porte manteau qui trouve une utilisation toute particulière pour mener Chastaing à un grand moment de solitude qui m’aura bien fait rire. Enfin, le final de la pièce, sans rien révéler, se permet une touche d’optimisme bien agréable.

Le spectacle se clôt, on ressort comblé, satisfait d’avoir passé un très agréable moment et on se dit que, pour ces moments-là, ça vaut le coup de soutenir le théâtre en ces temps si particuliers !  Ça tombe bien, la pièce est à l’affiche au Théâtre de Poche Graslin jusqu’au 31 octobre.

Jean-Rémy Gloaguen