Découverte d’un village troglodyte avec « Tigris »
Samedi 12 novembre, j’ai été voir Tigris, de la compagnie La Lionne à Plumes, au TNT. Selon le synopsis, il s’agit d’une fiction racontant la relation entre une jeune femme et une vieille dame habitant une maison troglodyte sur les bords de la Loire. Ce récit a été écrit d’après des collectes de paroles de saumurois et d’habitants du village de Hasankeyf, au Kurdistan turc.
Je ne connais rien aux maisons troglodytes ou au mode de vie que cela implique mais j’apprécie les récits fictifs et mystérieux. Je me suis donc laissé tenté.
Le jour J, sur place, j’ai découvert que la pièce de théâtre était accompagnée d’une exposition photo, After the End de Berna Küpeli, accroché dans le hall du théâtre. Il s’agit de photographies de troglodytes du village de Hasankeyf, permettant ainsi au public de se plonger dans le décor qui a inspiré la fiction que nous allons voir dans quelques instants.
A 20h30, le public s’installe, les lumières s’éteignent, la salle est plongée dans le noir. Nous entendons le bruit des planches qui craquent au moment où les comédiens entrent sur scène. Une musique retentit et une légère lumière orangée laisse apparaître une silhouette.
Le spectacle commence, l’héroïne Ondine, jouée par May Bindner, commence à nous narrer son histoire. Elle est accompagnée d’Ewan Baker et de ses instruments de musique. La comédienne s’adresse directement à nous, le public, et joue elle-même les différents personnages féminins.
Sur la scène, un grand tapis permet de délimiter l’espace mais il n’y a pas de décor ou d’accessoires. Nous nous concentrons sur le jeu théâtral, sur la musique, sur les lumières et nous faisons appel à notre imagination pour le reste. C’est à ce moment que je me rends compte que l’exposition située dans le hall a également un rôle dans cette pièce car elle permet de scénographier nous-même les scènes dans nos esprits.
L’histoire d’Ondine est ponctuée de musiques qui servent de transition entre les différents espaces-temps et géographiques. Les lumières sont également des éléments permettant de situer la scène dans laquelle nous nous trouvons. Ces deux outils sont presque des personnages à part entière dans l’histoire. Lorsqu’une musique retentit, les lumières changent progressivement, nous découvrons de nouveaux personnages et nous déduisons donc que nous sommes dans un autre espace.
Ces changements sont bien amenés, à aucun moment je me suis sentie perdue au niveau de la temporalité ou du lieu de l’action. Il y a trois lieux tout au long du spectacle, avec chacun ses propres personnages, son ambiance et ses lumières. C’est admirable de voir le jeu de May Bindner, en changeant sa posture, sa façon de parler et de se déplacer, elle devient quelqu’un d’autre, un nouveau personnage.
Je suis arrivée sans réelles connaissances sur les troglodytes mais lorsque je suis sortie du TNT ce soir-là, j’ai eu l’impression d’avoir vécu dans l’une de ces maisons l’espace d’un instant. Je pense que le fait que la pièce ait été écrite à partir de collectes de paroles permet une certaine proximité avec le mode de vie d’un habitant de troglodyte.
Tigris sensibilise le public sur des sujets importants tel que la nature qui nous entoure et dans laquelle nous vivons. C’était intéressant, impressionnant et agréable. Intéressant de par l’effet de transmission que la pièce apporte, impressionnant dans le jeu d’acteur et agréable avec les jeux de lumière et la musique qui accompagne le tout.
Jennifer H.