Deux fins en elles mêmes
Samedi 5 novembre, se jouait “C’est mon jour d’indépendance” au théâtre du Cyclope par la compagnie Marguerite d’Amour.
Le théâtre du Cyclope n’avait malheureusement pas fait du tout le plein en ce samedi soir. Peut-être en partie à cause des vacances scolaires et/ou des thématiques abordées.
Car cette pièce écrite par Stéphanie Marchais, et montée par la compagnie Marguerite d’Amour, nous dépeint deux histoires arrivant à leurs termes. Angèle, une aide-soignante jouée par Steph Soudais, se raconte dans un long monologue à une de ses “fidèles abonnées”, une personne âgée jouée par une poupée grandeur nature. Elle y expose, dans un bilan sans pudeur et sans grand pathos, le drame à tiroir qu’est sa vie.
Mourir est à la portée de n’importe quel imbécile venu.
Et j’ai trouvé que c’était là la force du texte, du tragique qui ne se morfond pas, du tragique factuel, qu’importe les thématiques : deuils, relations familiales, viol, handicap … Aux paroles particulièrement bien portées par l’interprétation de Steph Soudais, qui tient une gouaille populaire sans aller ni dans la caricature, ni dans la glottophobie. Un ton qui fait sonner juste le texte dans sa bouche et qui convient parfaitement au style d’écriture du monologue. Sans doute le résultat d’un travail assez important dans la direction d’actrice, menée par Agnès Jobert, pour atteindre cet équilibre.
J’avais 15 ans, c’était Pâques.
Le mannequin, la poupée grandeur nature faite sur mesure pour le spectacle, de la personne âgée n’est pas ultra réaliste mais assez bien pour la figurer sans être ridicule ou provoquer de malaise. Le décor est parcimonieux, seulement fait de quelques éléments figurant la plage et que l’affichage en vue réelle nous aura de toute manière déjà mis en tête. Les effets lumineux sont sobres mais je les ai trouvés judicieux pour porter la mise en scène et redéfinir les espaces. Grâce à eux, on oscille entre les trop pleins et les trop vides de sa vie, un peu comme le vide de la scène, plein de recoins, tantôt clairs tantôt sombres.
Lorsqu’elle brise en partie le quatrième mur à quelques reprises, j’ai trouvé cela un peu confus, pas vraiment très clair. Avant la 3ème occurrence, j’hésitais à savoir si son personnage était supposé nous voir vraiment ou pas et si elle s’adressait vraiment à nous. Et il était de toute manière clair qu’elle n’attendait pas de réaction ou d’interaction poussées avec le public. Je me suis demandé si c’était une volonté de la compagnie d’aller nous chercher ou si cela faisait partie des indications de l’autrice. Toujours est-il qu’est c’est la seule chose qui ne m’a pas convaincu.
C’est mon jour d’indépendance !
clame l’aide-soignante régulièrement comme un mantra.
La conclusion au jubilé de notre aide-soignante se fait en chanson. Sur un optimisme amer, en donnant un sens plus profond au refrain du morceau d’un chanteur populaire. Une jolie fin.
CTF
Prochaine dates : les 2 et 3 décembre à La Ruche