31 mars 2023

Erwin Motor dévotion

Samedi 11 Mars 2023, je suis allée voir « Erwin Motor Devotion », une pièce de Magali Mougel, mis en scène par Timothée Godineau-Le Roy au théâtre du Cyclope.

Le synopsis du Théâtre du Cyclope annonçait ceci : « Qui seriez-vous aujourd’hui si vous n’aviez surmonté aucun obstacle dans votre vie ? C’est l’une des questions posées dans cette série en trois épisodes. Depuis les années 70, Cécile est ouvrière chez Erwin Motor. A l’usine comme à la maison, elle tente de surmonter les épreuves du harcèlement, de la violence conjugale et des abus sexuels. Après plusieurs années de guérilla, elle devient directrice de l’usine… Mais jusqu’où ira-t-elle pour cicatriser ses plaies ? Cette ode contemporaine est un véritable cri de résilience pour la construction d’une société meilleure. »

Synopsis que j’ai manqué en amont… mais je savais néanmoins qu’il y aurait de la violence physique, psychologique et sexuelle envers les femmes, avec de l’abus de pouvoir dans une usine. Je savais malgré tout que je n’allais pas passer la soirée à rigoler. Mais j’étais curieuse de voir comment allait être traitée cette thématique.

Dans cette histoire, nous découvrons à travers différents tableaux, Cécile :

*L’ouvrière qui s’épuise sur des tâches répétitives, sous le regard pervers de son supérieur, qui prétend chérir « ces petites mains » avec un ton à la fois paternaliste, et prédateur.

*La femme qui veut s’émanciper, qui veut être libre de faire ses propres choix, d’être fière de travailler, de se donner les moyens ;

*La femme de ce mari, qui ne comprend pas son choix de travailler, le prend comme un affront à sa masculinité, et plutôt que de la soutenir, cherche une raison absurde, égoïstement centré sur lui, générant une rage amenant à de la violence domestique.

Et en parallèle, on voit la violence et la toxicité de cette vie d’usine, avec de la pression donc de supérieur de chaîne à ouvrière, mais également de grande patronne à supérieur. La menace d’une délocalisation si la cadence des petites mains diminue, le tout enrobé d’attouchements… Le texte est appuyé par des extraits de reportages d’époque sur le positionnement des hommes sur la place des femmes sur le milieu du travail.

Pour symboliser les marques du passé causées par les violences, du talc sera utilisé pour montrer la souillure sur les différents protagonistes. Sauf qu’au vue de tout ce que le spectateur subit, on n’était plus à ça près.

Je n’ai pas compris la place de l’« homme » dans cette pièce, a qui on donne presque une place de victime de plus dans ce système patriarcal. Je n’avoue n’avoir pas saisi non plus que la patronne était la Cécile du futur, qui s’était endurcie à force d’agressions, et devenait à son tour agresseur. Enfin, je n’ai pas compris pourquoi le choix de ce chant féministe à la fin, alors que je n’ai pas vu de message d’espoir ou de solution dans cette histoire.

Alors qu’on note un effort de mise en scène plutôt poétique, une utilisation à la fois visuelle et symbolique de l’ensemble du décorum, et une pleine implication des comédien.ne.s sur scène à en faire pleurer certain.e.s d’entre elles/eux, je n’ai pas apprécié cette œuvre. Beaucoup de démonstration de violences, une répétition de textes qui n’apporte -selon moi- pas grand-chose hormis la symbolique de ce cycle infini. J’ai entendu dans le public que ça donnait de la visibilité à une période trop longtemps laissé à couvert. Peut être, mais qu’est ce qu’il faut retenir de ces 1h15 : être une femme dans les années 70 c’est de la merde et il faut maltraiter les hommes comme on nous maltraite ? Je ne vois pas où est la résilience ni le monde meilleur. Si l’objectif de cette pièce était d’impacter, c’est réussi. Mais de la bonne manière ?

Chronique de Carolina pour l’Atelier des initiatives
Erwin Motor Devotion
Théâtre du Cyclope

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