30 mai 2021

Être, par Élise.

Mercredi 26 Mai 2021. Le rideau se lève enfin !

Le Piano’cktail, après avoir baissé ses rideaux plus de 8 mois, reprend vie en accueillant ses tous premiers spectateurs de cette fin (ou début ?) de saison. Pour Élise Noiraud – qui nous offre ce soir son «Champ des Possibles» – c’est la première représentation depuis octobre. Quant à moi, mon dernier spectacle remonte également à cette veille de confinement.

Autant dire que nous sommes tous impatients de pouvoir participer, enfin, à ces retrouvailles. Le spectacle vivant a, en effet, ceci de particulier qu’il n’existe qu’à travers la rencontre entre artistes et spectateurs; et si l’un de ces maillons vient à manquer, rien n’est possible. Ce soir, en tout cas, au tiers de sa capacité, la salle semble afficher complet.

Pour l’instant, on entre encore au théâtre comme dans un «moulin», pour autant que l’on ait son billet et que l’on use d’une noix de gel hydro-alcoolique à ses portes. Mais demain, faudra-t-il montrer patte blanche ? Un QR code, un certificat de vaccination, une ordonnance de son médecin ? Tout est possible…

Affiche du spectacle.

Élise Noiraud rencontre Élise Noiraud.

Le «Champ des Possibles» c’est l’histoire, banale, d’Élise Noiraud, lycéenne dans une ville des Deux Sèvres ; de celles dont on peine à retenir le nom. Fraîchement bachelière, elle choisit de poursuivre sa scolarité à La Sorbonne. Quitter le cocon familial, faire ses premiers pas d’adulte, c’est finalement le vécu de nombreuses générations, qui se répète inlassablement.

Ici l’on veut poser un regard sur ces moments de vie capitaux et révéler ce qui se cache derrière le parcours – assez «normé» au demeurant – de la jeune femme. Entre petits boulots, vie étudiante, engagement associatif et apprentie comédienne en soif d’affirmation et de liberté, on découvre l’étudiante «touche à tout», à mesure qu’elle se cherche.

On la suit ainsi dans sa nouvelle vie parisienne et lors de ses retours dans son foyer qui se font de plus en plus rares, au grand dam de ses parents. Partagée entre le besoin de s’émanciper et le poids du «devoir» familial que lui font ressentir une mère envahissante et irascible, un père aimant mais effacé, la jeune femme semble un peu désorientée.

Une performance, certes, mais un traitement superficiel :

Élise Noiraud joue à la fois Élise, on l’aura compris, mais également tous les personnages convoqués dans ces véritables «concentrés de  vie». Et ce qui pourrait paraître une gageure, prend corps grâce à l’énergie de la comédienne qui ne bénéficie d’aucun répit, sur un plateau nu, dans cette succession de tableaux à l’écriture presque cinématographique.

L’humour, au travers de personnages burlesques voire caricaturaux, étaie le spectacle et nous emporte. L’émotion, elle, s’exprime plus difficilement et l’on peut regretter que la personne d’Élise, bien que centrale, manque un peu de profondeur. Elle demeure, finalement, peu développée et peine à s’imposer face aux autres personnages nettement plus marqués.

L’auteure ne nous épargne guère les traditionnels clichés sur les habitants de Paris et de la campagne, mettant l’accent de manière trop appuyée sur leur clivage. Mais l’écriture fébrile de la pièce n’empêche nullement de passer un agréable moment – surtout après une si longue période de privation – et l’on ressort heureux qu’Élise ait pu retrouver les planches.

© Baptiste Ribrault

MATHIEU

Teaser.

Pour en savoir plus sur le spectacle.

Entretien d’Élise Noiraud à propos de la 3ème pièce de sa trilogie: « le Champ des possibles ».