18 juillet 2022

Kelly Reichardt au Cinématographe : l’art délicat de sublimer le « tout simplement »

Du 2 avril au 30 avril, le Cinématographe a projeté l’intégralité de la filmographie de la réalisatrice américaine Kelly Reichardt : River of Grass (1994), Old Joy (2007), Wendy et Lucy (2009), La Dernière piste (2011), Night Moves (2014), Certaines femmes (2017) et First Cow (2020). Belle programmation !

Mme Kelly Reichardt au boulot.
(source : https://www.filmforlife.org/2017/05/kelly-reichardt-la-regista-delle-storie-di-vita-normale/)

Se lancer dans un cycle du cinématographe pour le blog des spectateur a de merveilleux de nous permettre de plonger pleinement dans la filmographie d’un réalisateur, d’une actrice ou bien encore d’un genre. Le contre-coût est que sur l’ensemble des séances programmées il n’est parfois pas possible de s’y rendre à toutes, ratant ainsi des films qu’on aurait aimé voir.

Dans mon cas, il n’aura pas été possible de voir l’ensemble de ces films, tout juste 3. J’en suis le premier déçu… Hormis Night Moves que j’avais déjà vu auparavant, ce cycle m’a permis de découvrir dans un premier temps Old Joy qui narrent la virée de deux amis vers les sources de Baby Hot Springs en Oregon. Très simple dans sa forme, on sent ici vraiment le film « indé » à petit budget avec des longues séquences sans dialogue où les protagonistes marchent dans la forêt et où il n’y a pas de grandes péripéties. Pourtant, cela suffit à nous captiver. C’est même cette simplicité et cette épure qui fascine et captive, renforcées par la beauté de la forêt que traverse les personnages. Malgré une durée de 1h16, on a l’impression de partager cette longue respiration avec ces personnages et de savourer ce calme avec eux, avant le retour au bruit et à l’effervescence de la ville, que nous retrouvons également nous même spectateurs en sortant de la salle.

Wendy (sans Lucy) interprétée par Michelle Williams qui a joué dans 4 films de la réalisatrice.
(source : https://lwlies.com/articles/wendy-and-lucy-kelly-reichardt-michelle-williams/)

Ensuite, Wendy et Lucy qui raconte les difficultés de la jeune Wendy à rejoindre l’Alaska pour obtenir du travail alors qu’elle perd sa chienne Lucy dans une ville de l’Oregon. Idem, on retrouve une certaine simplicité dans ce film, qui nous permet facilement de s’attacher à ce personnage et à ces difficultés, du quotidien (mauvaises rencontres, difficultés financières, galère diverses…). Par sa manière de filmer la ville, son environnement, elle arrive facilement à nous emmener et nous plonger dans une Amérique ouvrière. C’est même remarquable d’avoir une certaine simplicité, sans lourdeur, dans ce qui nous est montré. Face à certains films parfois bien alourdis d’effets, de musique ou de mouvement de caméra, il y a une épure très agréable à suivre et où il est très facile de s’identifier aux difficultés que rencontrent le personnage principal, même si celles-ci sembles basiques.

« Oh la vache ! »
(source : https://www.themoviedb.org/movie/558582-first-cow/images/posters)

Enfin, le dernier film que j’ai vu et également le dernier sorti en salle, First Cow. qui raconte l’histoire de deux hommes, toujours en Oregon, vers 1820, qui vont voler le lait de la première vache de la région pour en faire des pâtisseries et faire fortune. Le western était déjà un genre que Kelly Reichardt avait exploré dans La dernière Piste. Mais ici, on ne va pas suivre de convoies de pionniers et de cow-boys sur leur chevaux, dans les grandes plaines. Non, il est question de trappeurs, des premiers colons à s’installer et de la construction des premières villes et du commerce dans un environnement et des conditions de vie assez difficiles. Plus long, ce film reste peut être le plus abordable narrativement ou sur la forme, bien qu’on retrouve toujours une certaine lenteur dans le rythme, propre à la réalisatrice, avec une certaine simplicité et avec même une reconstitution de l’époque assez inédite pour un film qui se passe dans cette époque.

Je regrette de ne pas avoir vu Certaines femmes, film qui m’a fait connaître le nom de cette réalisatrice et la Dernière Piste dont j’ai entendu parlé récemment. Mais je sais que lorsque l’opportunité se présentera, je me lancerai dans le visionnage de ces films, ainsi que dans les suivants. Le prochain Showing Up dans la sélection Officielle du festival de Cannes 2022, ne devrait d’ailleurs pas tardé. J’espère allé le voir au Cinématographe et pas ailleurs !

Kelly, tu m’a séduis !

A l’occasion du festival de cannes 2022, l’émission Blow Up a rendu un hommage à la réalisatrice : https://www.youtube.com/watch?v=M3K29V6T7Cs

Un article de sa master-class qu’elle a donnée à cette occasion où elle a été récompensée par la Société des Réalisateurs de Films : https://www.troiscouleurs.fr/article/cannes-2022-master-class-kelly-reichardt

Le centre Pompidou lui a également consacré une rétrospective avec une présentation de sa carrière : https://www.centrepompidou.fr/fr/magazine/article/kelly-reichardt-cineaste-du-deraillement

Le Cinématographe : https://www.lecinematographe.com/

Jean-Rémy