La Théorie du Y : l’important c’est d’aimer
Il est rare que la bisexualité soit représentée, et notamment au théâtre, donc j’ai sauté sur l’occasion pour aller voir La Théorie du Y, une pièce écrite et mise en scène par Caroline Taillet.
Je connaissais déjà le titre et le thème de la pièce par la web-série éponyme. En faisant quelques recherches, j’ai appris que le projet de web-série est arrivé quelques années après l’écriture de la pièce, avec la même équipe artistique (comédien.ne.s et metteuse en scène).
En arrivant au théâtre le Piano’cktail, je prends ma place et j’entends qu’un « bord de scène » est organisé à la fin de la pièce pour pouvoir échanger avec les comédien.ne.s. et la metteuse en scène. C’est alors tout naturellement que je m’assoie assez proche de la scène, mais assez loin pour profiter pleinement de toute la mise en scène.
Sur la scène, il y a…. des boîtes. Des dizaines de boîtes. De toutes les tailles. Certaines sont éparpillées sur la scène, mais la plupart sont au centre, empilées, formant un mur d’un mètre de haut devant nous. La pièce commence et pendant toute la durée de la pièce, c’est un tourbillon d’émotions.
Sur scène : 4 comédien.ne.s. et 25 personnages. Et au centre de tout ça, il y a Anna, une petite fille de 10 ans que l’on voit grandir et évoluer : ses premier.ère.s ami.e.s, ses premières soirées, ses premiers baisers, ses premiers amours, jusqu’à l’âge adulte. Pendant 1h (qui est la durée de la pièce) Anna se cherche et se questionne : entre les choses qu’on lui a enseignées et les choses qu’elle ressent, entre son cœur qui balance pour des personnes très différentes et sa raison qui lui dit qu’elle fait erreur.
La metteuse en scène ainsi que les comédien.ne.s sont jeunes et cela se ressent beaucoup via la mise en scène, que j’ai trouvé très originale, moderne et innovante. Chaque boîte représente une fenêtre ouverte sur le passé d’Anna et nous la suivons à travers plusieurs scénettes de souvenirs, dans cette recherche d’elles même. La pièce à la particularité d’avoir une scénographie mouvante, les boîtes se déplacent servant à la fois de siège, de lit, de voiture, de banc, de scène de concert ; faisant appel à l’imagination du public pour construire un décor autour des personnages. Les émotions que nous pouvons ressentir, sont toutes amplifiées par la présence d’effets sonores et lumineux qui ajoutent une dimension toute autre à la pièce. Nous pouvons alors assister à du break dance, du rap et des danses endiablées sous des lumières colorées ou à des scènes plus douces, parfois tristes.
Le thème de la bisexualité est un sujet tellement riche que lorsqu’on suit une jeune personne qui se pose des questions jusqu’à comprendre et assumer qui elle est, nous sommes obligés de passer par des scènes et des moment remplit d’émotions fortes, alors même que le terme n’est jamais prononcé durant toute la représentation. Je ne vais pas tout dévoiler, mais je peux dire que j’ai presque pleuré (de joie et de tristesse) et j’ai énormément ri aussi. J’ai été vraiment touché par le thème de la pièce et par son interprétation et je ne pense pas avoir été le seul.
Ce message de déconstruction sociale, d’acceptation de soi et de l’autre est beaucoup mieux véhiculé par une écriture très juste et sans prétention, qui permet de toucher un large public. Cela s’est ressenti à la fin de la pièce lorsque plus de la moitié des personnes présente sont restées pour l’entretien en bord de scène. On sentait alors que le public avait besoin à la fois de s’exprimer et d’en savoir plus sur cette pièce, sur son écriture et sa mise en scène.
Personnellement, je suis ressorti de la salle avec un grand sourire, je ne regrette pas d’être venu voir ce spectacle. Il a, la particularité de s’adresser à tout le monde et je pense que de nombreuses personnes vont l’apprécier autant que moi.
PS : À toi qui lis cet article, n’hésite pas à aller voir la web-série La Théorie du Y, avant ou après avoir vu la pièce, tu ne seras pas déçu.
Ulysse