25 juin 2021

Le 23 x Compagnie Désesquisses : Retour dans les années 50, quand un ancien cinéma accueille la Beat generation !

Joséphine et Fanny (à gauche), échangent sur la pièce avec la compagnie, crédit photo Benoit

Au détour d’une rue très calme du quartier St Félix, le 23, un des lieux à réinventer de Nantes, a bel et bien su se réinventer. Y compris pendant ces temps de tempête. Le lieu accueille en effet une petite troupe de théâtre. Au coeur de cet ancien cinéma des années 50, l’ambiance est à la fois feutrée et effervescente.  Mathilde (mise en scène et lumière), Thomas (comédien), Capucine (comédienne), Raphaël (comédien et musicien saxo), Antoine (comédien), Elias (comédien et percushlagiste, régisseur son) répètent leur premier projet au sein de leur toute jeune compagnie Désesquisses. Un impromptu poétique sur fond de texte de Kerouac et de jazz. On a pu leur poser quelques questions…

Votre pièce prend une forme inhabituelle, en tant que jeune compagnie quelle idée du théâtre défendez vous ? 

“Faire culture ailleurs”. La compagnie défend un théâtre qui s’exporte hors de la boîte noire pour s’implanter partout. “Amener du texte là où on va écouter de la musique”. La forme du spectacle se veut être tout-terrain : être jouée en intérieur et en extérieur, dans des halls de théâtres, des clubs de jazz, des bars, des caves recevant du public. Au détour d’une rue ou d’un verre, on se laisse ainsi bercer par les flots de la poésie. La troupe a choisi de mettre en forme le recueil de poèmes de Kerouac écrit sous la forme de chorus, forme empruntée au Jazz. Une pièce qui fait écho à la “beat generation”, à l’écriture spontanée née dans les bars et du vécu de ces poètes de jazz dans les années 40. 

En pleine répétition, crédit photo Benoit

Quel est le fil conducteur de cette pièce ? 

La troupe cherche à « éveiller l’oreille du spectateur” en donnant voix au recueil de poèmes de Kerouac et en le faisant dialoguer avec la musique. Au détour d’un verre, “une bande de potes” se met à lire de la poésie, dans un décor de cinéma. Tels des « solstices », les musiciens se retrouvent à donner la réplique aux comédiens et un dialogue s’installe entre eux. La troupe cherche à entraîner le spectateur dans l’univers du Bepop en mêlant la mélodie des mots aux sons du saxophone. La langue se fait belle. Une pièce qui nous fait jazzer et “nous amène l’esprit de la fête”.

Les musiciens Raphaël et Elias en plein morceau de jazz, crédit photo Benoit

Et le virus-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom dans tout ça ? 

La troupe le reconnaît, la situation a un fort impact sur l’inspiration : “ on ne sait plus comment jouer la scène de bar, comment on fait maintenant ?”. D’autant plus fort que pour cette jeune troupe, l’insertion dans le milieu professionnel n’était pas tout à fait ce qu’ils avaient imaginé pour leur début de carrière. 

Pour autant, l’heure n’est pas à l’abattement. Comme le souligne en plaisantant Thomas : “On improvise, on s’adapte, on domine”.  Les jeunes acteur.ices et leur metteuse en scène sont unanimes : vivre le moment présent, faire en sorte que le COVID ne devienne pas une contrainte artistique et se créer des perspectives. La troupe souhaite investir des lieux non-théâtraux régulièrement mais aussi tester une étape du travail en festival sur L’Arbre bavard à Andouillé en Mayenne cet été. 


Et nous, Joséphine du 23 et Fanny de l’Atelier, qu’est-ce qu’on en pense ? 

On s’y croirait presque. Le décor d’abord : un bar de jazz miteux et chaleureux, une table ronde couverte de cartes, de livres et de papiers ; un salon-chambre au large canapé moelleux et au tapis élimé, une commode, un miroir. Nous sommes définitivement au cœur de ces années.. Et vraiment au cœur pour le coup, puisque le public est juché sur une table bar et des tabourets, voisins de la troupe qui, pendant près d’une demi heure nous feront vivre l’effervescence, le joyeux bazar et la douce subversion du clan Kerouac. Lorsque la scène s’achève, on reprend un peu son souffle, on a envie de boire une bière avec eux, on se sent un peu actrice. La compagnie Désesquisses a parfaitement réussi à reproduire une atmosphère à la fois hors du temps et moderne, un théâtre qui se mêle à la vraie vie, et nous donne, quelque peu, l’envie de retourner dans un bar, boire un coup et écouter de la musique ! 

Vous avez aimé le format blog Nomade ? L’arrière des coulisses de la création et les échanges avec les parties prenantes du spectacle ? Say no more, on risquerait bien de revenir….

La Compagnie au complet, crédit photo Benoit

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