26 avril 2023

Nach, Elles disent, dansent, créent… mais aussi nous font vibrer et viennent bouleverser nos attentes

Le 13 avril à 20h,

Je m’installais dans un siège confortable au Lu en compagnie d’une invitée, pour assister à la performance dansée nommée Elles disent, de Nach et trois autres danseuses, lorsque les lumières de la salle s’éteignent, et celles de la scène s’illuminent doucement, signe que le spectacle de danse allait débuter.

4 danseuses sur scène, aux styles différents. La première musique débute, il s’agit de Gravidanza (New Age). Et le spectacle débute. C’est le début d’une heure de fascination pour les spectateurs.

Je frissonne, et ce n’est pas de froid, les poils de mes bras veulent délibérément se dresser devant leur talent.

Durant le spectacle, il semble y avoir une réelle harmonie entre les danseuses, dont le style est propre à chacune dans les performances individuelles, mais réussit à se confondre et à se lier de manière admirable avec celui des autres lors des performances collectives.

Les danseuses se regardent entre elles parfois durant la performance, notamment au début, semblant admirer mutuellement leurs capacités et presque se porter approbation. Dans leur comportement, et dans leur manière de se mouvoir de manière fluide et parfaitement synchronisée lorsque cela apparait nécessaire, tout en étant désarticulé lors des performances individuelles, la virtuosité apparait en transparence. Dans chacune des performances du spectacle, l’une des danseuses se démarque et expose aux spectateurs, par ses mouvements, à la fois le caractère unique de sa personnalité, de la danse qu’elle a entrepris de créer. Cette danse est très différente selon les danseuses, et semble pouvoir être affiliée à des thèmes. Je vous laisserai le soin d’aller découvrir par vous même leurs performances, et ne vous dévoile en conséquence pas les thèmes que je pense avoir décelé de mon côté, hormis celui de l’intime, qui domine l’ensemble du spectacle. Puisque le désir me prend de m’étendre un peu sur ce spectacle, je vais dès à présent vous décrire mes ressentis sur des parties fragmentaires de celui-ci.

Après les prémices du spectacle (lesquels ont été marqués par une danse collective et beaucoup d’oralité), la première performance individuelle a débuté. Elle m’est apparue parfois brutale, les désarticulations simulées de la danseuse semblant receler de la souffrance, son expression faciale la folie et la peur parfois. De manière gutturale, de sa gorge s’échappait parfois des gémissements, alors qu’elle se mouvait dans l’espace. Cela venait accentuer l’étreinte saisissant le coeur d’un spectateur positionné comme témoin impuissant de la torture intérieure qui semblait posséder la danseuse.

La deuxième performance m’a saisie entièrement, et a captivé pleinement mon attention. Elle était plus sensuelle, presque érotique. Elle a eu lieu à la suite d’une performance de danse groupée, durant laquelle les danseuses se sont mises à susurrer du vocabulaire plus ou moins logique, faisant des suites de mots tels que « téton », « baiser » « désir » pour assortir leurs mouvements. Une danseuse s’est détachée progressivement des autres, et a alors débuté une danse, à mes yeux inoubliable. Cette danse me faisait métaphoriquement penser à celle d’un papillon (ceux que l’on observe, charmés, faire leur ballet gracieux et léger, pour finalement se déposer sur les pétales de belles roses aux couleurs flamboyantes).

Lorsque la danseuse fut rejointe par ses compagnes, de furtifs et inattendus baisers entre elles semblèrent bouleverser toutes les perspectives du spectateur, alors que même que la symbiose pure entre les quatre danseuses est apparue comme plus que jamais évidente. Toutefois la danse a évolué doucement. Elle n’a pas cessée à ces baisers et à ces proximités apparentes des corps. A l’inverse, des enjeux plus grands semblèrent se dessiner à l’issue de celle-ci, alors que le langage corporel se faisait celui d’une rupture des corps, et non plus de leur union.

Les deux dernières performances individuelles des danseuses regorgeaient également de beaucoup de richesses, de surprises. Par ailleurs, les mouvements déployés par les danseuses m’ont parfois grandement étonnée, notamment l’audacité d’un mouvement de la nuque d’une danseuse qui s’était cambrée, et faisait voler la crinière tout autour de sa tête dans un rythme déchainé, les autres danseuses affichant des mimiques d’incompréhension face à sa performance. Ce mouvement a fait grimacer l’invitée à côté de moi, qui s’imaginait déjà le torticoli que ce mouvement déclencherait à une personne mal échauffée.

Je fais le choix de cesser ma narration ici, et de ne pas vous parler plus en profondeur des thématiques semblant propres aux deux dernières performances (lesquelles ont été simplement succinctement annoncées ici). La raison de ce choix est la suivante: Mes paroles ne peuvent se faire qu’une pale description, forcément lacunaire de ce spectacle, et n’avaient vocation qu’à vous donner un avant-goût de celui-ci. Il faut que vous alliez voir par vous même ce spectacle de danse, « Elles disent », qui promet de vous désarçonner, et de faire battre votre cœur à la chamade de la première à la dernière seconde.

De tous les spectacles de danse auxquels j’ai assisté, celui-ci s’inscrit définitivement comme un coup de cœur, et je ne peux que clamer le talent des quatre danseuses.

Emilie

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