4 janvier 2022

SIEMPRE FIESTA au théâtre du Cyclope

Première fois que je vais au Théâtre du cyclope, c’est un très bel endroit avec des guirlandes à l’extérieur, des belles couleurs, une ambiance agréable. Tout semble très doux. La salle est toute petite, on s’y sent bien.

Je lis rarement le synopsis des pièces ou des spectacles que je vais voir. Je peux me permettre d’être surpris et surtout en général je m’en fiche de savoir.
Mais là j’étais accompagné, je me devais de donner quelques indications et honnêtement j’ai eu peur quand j’ai vu que la pièce consistait en un repas de Noël qui se rejouait encore et encore.

Quand la pièce commence j’ai eu un peu de mal, c’est Noël dans toute sa banalité, avec ses clichés, ses guirlandes et ses traditions aussi superficielles qu’elles soient.
Mais c’est exactement de ça que ça parle, de la superficialité de Noël. Bien confortablement assis dans notre siège on regarde une famille se déliter progressivement sous nos yeux. À la fin du repas, une des personnes de la fratrie est prise d’une « crise de la réalité », une forme de dépression lié à la désillusion qui suit le soir de Noël.
Son mari ne sait que faire, après un temps d’errance médicale, la solution: refaire le repas de Noël.
On va donc assister à ce qui est le début d’un enchaînement tragique de repas qui accompagnent la chute de cette famille, sur un fond de crise économique et sociale en pleine expansion.
L’histoire a de multiples dimensions, elle n’est pas plate, juste autour de nos protagonistes. Il y a du contexte, le monde autour existe et continu d’évoluer à travers l’histoire racontée.

Je n’ai pas encore parlé d’un personne clé dans la mise en scène. Un personnage, que l’on pourrait qualifier de « voix off ». Il ouvre la pièce et la ferme, il nous accompagne tout au long, nous parle et même danse pour nous.
C’est grâce à lui que j’ai pu vraiment rentrer dans l’histoire. Il est très juste, très bien interprété. Et contrairement aux autres acteurs qui ont parfois des dialogues un peu creux ( les discussions de Noël ne sont en général pas d’une originalité dingue ), son texte était vraiment bien écris.
Il tient ce rôle clé tout le long de la pièce et lui donne vraiment un rythme appréciable.

Au niveau de la mise en scène aussi il a des très belles choses. Le rideau à frange  qui encercle l’espace scénique donne du relief à la pièce, les jeux de lumières sont agréables et mon dieu, la dorade.
Pendant le repas ils mangent une dorade. Elle arrive sur scène en descendant du plafond jusqu’au centre de la table. Le poisson est donc suspendu et dès qu’il descend, changement de lumière, un peu bleu tamisé et surtout silence. Quelques secondes de silence sur ce poisson pailleté dorée qui descend du ciel.
Je ne m’explique pas pourquoi cette dorade à paillettes se trouve là, mais je l’adore.

Par contre je suis dubitative face à un personnage féminin qui est représentative de la femme bête, à grosse poitrine, superficielle avec une voix fluette. J’ai un peu la sensation de faire du féminisme à deux euros, le stéréotype de la femme objet existe mais aussi creux et vide…. je ne pense pas qu’une femme puisse être comme ça.

Ça fait peur de se rendre comte de la banalité des fêtes de Noël, surtout quand on en voit plusieurs versions possibles. Mais le mot de la fin, la morale construite en quelques phrases un peu légère: « Attention à vos paradis inventés » m’a laissé un goût de trop peu. La morale n’est pas très bien construite et le problème pas résolu.

Mais je souligne cette superbe idée de faire les rappels à la fin de la pièce sous forme photo de famille.

No.