1 décembre 2022

Voyage en terre classique

Le Grand auditorium, de nuit © C.

S’il est réputé fort peu agréable de prendre un choc, je dois bien avouer que celui que j’ai vécu mercredi dernier à la Cité des Congrès était au contraire des plus merveilleux. Je ne suis pas une grande connaisseuse de musique classique, il faut le dire. Mais je suis ouverte et curieuse de ce monde qui peut paraître lointain pour certaines personnes, dont je fais partie.

Le salut initial

C’est avec cette curiosité donc, que je me suis rendue dans ce superbe bâtiment qu’est le Grand auditorium. Traversant le parvis couvert d’ardoises, je découvre cette architecture dorée, circulaire et illuminée, qui se dévoile à travers les arbres. La nouvelle nantaise que je suis n’y étais jamais entrée. Depuis le hall, une volée d’escaliers m’amène au premier étage, vers le parterre. L’effet arrondi du couloir laisse place à la surprise : « ne me suis-je pas trompée de chemin ? » me dis-je, impressionnée par les lieux.

Là, j’y arrive. J’entre dans cette gigantesque salle qui peut accueillir 2000 personnes ! Les musiciens et musiciennes arrivent peu à peu et se préparent à jouer. Les lumières s’éteignent et ne restent que celles de la scène.

Premier moment fort de la soirée, où l’on apprend que c’est le dernier concert du violon supersoliste Constantin Serban. Pour dire vrai, je ne savais absolument pas qui était ce monsieur. Mais j’ai été submergée par l’émotion en entendant son histoire et l’amour qu’il avait donné à la musique, qui le lui a sûrement bien rendu. De quoi se mettre dans de bonnes conditions.

Premier mouvement : je tressaille

Il n’est besoin que de quelques mots pour dire la vérité

Joseph Haydn

Le concert s’ouvre sur l’Allegro assai de la symphonie No. 39 de Haydn. Une vraie claque ! De celles qui surprennent et réveillent, comme pour me dire « soit bien attentive ma grande, ce concert-là, tu t’en rappelleras ! ». Je goûte à la frénésie de cette admirable mélodie. S’en suit le deuxième mouvement, Andante, moins énergique que le premier, j’imagine une balade ponctuée de rencontres. Puis le troisième, Menuet, dans lequel je vois plutôt une valse courtoise. Vient alors le dernier mouvement, Allegro di molto, l’apothéose. La mélodie nous rappelle à l’ordre, plus tendue sans perdre sa beauté, plus saccadée mais tout aussi resplendissante. Je bois les dernières notes. Que faire après cela à part applaudir à tout rompre ?


Ma transe est interrompue par les techniciens qui remanient la scène. Une harpe, un piano à queue et quelques autres instruments dont les noms m’échappent, prennent place sur les planches.


Deuxième mouvement : je découvre

Débute alors le Concerto pour timbales. La musique commence et je suis comme projetée dans un film. Inquiétant d’abord, un film futuriste mêlé de magie. Les timbales scandent leur message. Puis le film se transforme en épopée fantastique, tantôt légère, tantôt angoissante, toujours dynamique. J’y vois un petit côté Star Wars… L’ouverture se termine, le timbalier règle ses instruments, peut-être prépare-t-il les prochaines notes à l’aide des pédales ?

La nocturne débute, les archets s’animent sur les cordes des violons pareils à des brins d’herbe sous une brise. La mélodie est menaçante mais l’originalité du marimba l’adoucie. Les timbales se font assez peu entendre, principalement jouées à la main. Le timbalier reprend cependant ses baguettes pour un duo avec la harpe. À présent, les sonorités semblent étranges à mes oreilles novices, la mélodie angoissante reprend le dessus, elle me tient en haleine. C’est là que le timbalier montre tout son art, il se meut avec frénésie. Dans cet emballement, je n’ai pas su voir quand commençait le finale et voilà qu’il se termine.


Étrange expérience que ce concerto pour timbales. Je ne saurais vraiment dire ce que j’en ai pensé tellement les mélodies, les sons, m’étaient inconnus jusqu’ici. Une réelle découverte qui se joint à la première pour me donner envie de revenir.


Troisième mouvement : j’observe

Commence alors la troisième partie du concert avec la 8e symphonie de Beethoven. Celui-là, je le connais ! Non pas que je l’ai plus écouté que les autres, mais il a laissé quelques morceaux à la postérité. Je m’épancherai moins sur cette dernière partie car très éprouvée (dans le bon sens) par les deux premières, j’ai ici surtout pris le temps de regarder les musiciens et musiciennes vitruoses. De voir leurs visages concentrés tout autant que portés par la musique qu’iels jouent. Un bel ensemble lié par l’amour des notes et des accords.

C’est là, bercée par la musique, dans ce gigantesque auditorium où nous nous sommes tous et toutes retrouvé·es pour éprouver cette même sensation magique d’atteindre le sublime, que j’ai observé mes compagnons et compagnes de soirée. Ici, un homme agite les bras au rythme de la musique. Là, une femme a la tête posée sur l’épaule de son voisin. Nombreux sont celles et ceux au visage illuminé du plaisir de la mélodie, un léger sourire aux lèvres, celui qui traduit le contentement. Une symbiose. C’est là donc, que j’ai décidé que je reviendrai. Souvent. Me nourrir de toute cette beauté.


Merci aux musiciens et musiciennes, au chef d’orchestre Sascha Goetzel, aux techniciens et techniciennes pour cette merveilleuse soirée. Et à très vite !

Le salut final

Ch. Me. ♫