« L’inconstance des sentiments est la seule chose stable en ce monde » – Le château ambulant
J’ai découvert le monde de Ghibli il y a peu, étonnement. Etonnement car j’ai passé beaucoup de temps devant des films d’animations en tout genre étant petite, mais ceux des studios Ghibli me sont passés sous le nez ! J’ai vu pour la première fois « Mon Voisin Totoro » lors du premier confinement, comme un besoin de m’échapper et de revenir en enfance pendant cette période si étrange. En faisant des recherches sur le film après l’avoir vu, je me suis rendue compte que j’avais finalement vu UN film du studio plus jeune à l’école : « Le château dans le ciel ». Comme un flashback, je me suis souvenue tout d’un coup de la sensation que j’avais eu en voyant ce film à 8 ans, depuis j’ai décidé de visionner un maximum de films Ghibli.
C’est donc avec joie que je me suis inscrite à la rétrospective Ghibli au Cinématographe.
J’ai pu en (re)voir deux ; « Mon voisin Totoro » et « Le voyage de Chihiro ». Entre le premier confinement et cette rétrospective, j’ai également visionné « Porco Rosso », « Le château ambulant », « Princesse Mononoké », « Le tombeau des lucioles » et « Ponyo sur la falaise ». Bien qu’il y en ait d’autres, je pense que je peux désormais mieux cerner le monde de Ghibli, et notamment de Hayao Miyazaki (le réalisateur le plus connu du studio), que je trouve extrêmement intéressant.
Au premier abord on pourrait croire que ce sont des simples dessins-animés, mais ce n’est pas le cas. Ce que je trouve génial, c’est le fait que l’on peut les voir à tout âge, et les comprendre différemment, je trouve que c’est gage de qualité. Je pourrais comparer cela au « Petit Prince » d’Antoine de Saint Exupéry, que j’ai découvert à l’école primaire et que je continue de relire à travers les années, le voyant à chaque fois d’une façon nouvelle.
On pourrait s’étaler des heures durant sur le sujet Ghibli, parler de ses thèmes, sa réalisation, ses couleurs, ses musiques, il y a tant de choses à dire ! Personnellement, j’aimerais me concentrer sur les thèmes abordés dans ces films car à mon avis se sont eux qui font que je les aime et qu’ils peuvent être vus par toustes à tout âge.
Les films plaisent aux plus jeunes car les personnages principaux sont soit des enfants, soit des adolescents. En faisant des plus jeunes les acteurs des films, les jeunes spectateurs peuvent s’identifier à eux. Il y a beaucoup d’innocence dans ces films et cela passe par plusieurs éléments. La façon dont est abordé l’amour par exemple est innocente ; « L’amour au premier regard ». Les amants risquent leur vie l’un pour l’autre alors qu’ils se connaissent à peine, ce qui est à la fois presque ridicule parfois, mais aussi tellement touchant. Finalement, n’est-pas comme ça que l’on voit l’amour enfant ? Les protagonistes ont des caractéristiques enfantines qui nous font du bien ; bienveillance, détermination, curiosité. Les films nous emmènent toujours dans des mondes qui font rêver, des endroits bizarres et fascinants dans lesquels on a envie de se plonger (ou pas), dans lesquels on y trouve des êtres vivants attachants et extraordinaires. J’ai tout particulièrement aimé l’épouvantail Navet dans « Le Château Ambulant ».
« Le bout de bois n’était pas une simple branche…mais le pied d’un épouvantail! Un épouvantail dont la tête ressemblait à un navet!
Le chateau ambulant: Le livre du film – Hayao Miyazaki
Pour finir, les films Ghibli sont bien souvent des récits d’apprentissage. On suit un ou des personnage(s) lors de leur aventure, les voyant grandir, devenir plus mature, apprendre. Les histoires comme cela il y en a plein, et je pense qu’elles resteront toujours mes préférées. Je pense qu’une des meilleures évolutions de personnages reste la petite Chihiro, qui au début du film est peureuse et capricieuse, et qui à la fin devient indépendante, courageuse et altruiste.
D’un autre côté, des thèmes plus matures voire sombres sont présents, comme le deuil, les catastrophes écologiques, la guerre, la maladie ou encore la monoparentalité. Si ces thèmes nous rendent triste ou nous font peur enfant, on en comprend toute l’intensité et l’importance une fois adulte. Le film le plus marquant pour moi et pour beaucoup d’autres personnes, c’est « Le tombeau des lucioles » de Isao Takahata. Il a été très difficile de le voir, tant l’issue est dure, le contexte véridique et les personnages attachants. Les autres films sont moins sombres car ils finissent bien et l’univers est plus merveilleux. Ce n’est pas pour autant qu’ils ne nous font pas réfléchir. Derrière les paysages fantastiques, les personnages insolites et les nobles quêtes se cachent la réalité du monde dans le film, mais aussi du monde réel. Car si ces mondes qui font rêver existent, c’est bien parce que la réalité est difficile et qu’on a besoin de s’en échapper.
« Le rêve de l’espèce humaine…c’est la puissance de Laputa. »
Le château dans le ciel, tome 4 _ Hayao Miyazaki
Les thèmes sont incroyablement essentiels et d’actualité, même si certains films commencent à dater. J’ai particulièrement apprécié « Ponyo sur la falaise » qui traite de l’écologie d’une manière très intelligente. A part « Ponyo », beaucoup d’autres films sont liés à l’écologie, ce qui en fait un thème de prédilection de Miyazaki. Rien que par ces paysages et ses couleurs, les films honorent la beauté de la nature ainsi que son importance. On se croirait plongé dans une peinture tant s’est sublime. « Ponyo » est celui que je trouve le plus réussi visuellement, bien que « Porco Rosso » et « Le château dans le ciel » n’ont rien à lui envier.
L’autre thème beaucoup utilisé est celui de la guerre. On réalise toute l’ampleur et l’horreur de la guerre grâce aux paysages détruits, à la violence des actes, au chagrin présents dans les films. Encore une fois, « Le tombeau des lucioles » reste le meilleur avertissement tant l’injustice du sort des personnages est grande, tant leur quotidien est maculé de sang et de peur.
« La haine n’engendre que la haine. »
Hayao Miyazaki
Pour conclure, les films du studio Ghibli sont pour moi des véritables chefs d’œuvres, que j’ai adoré découvrir ou redécouvrir au cinématographe. Je ressors toujours de ces films émerveillée et chamboulée par des réflexions sur notre société. Diffuser des films qui ne sont pas à l’affiche sera toujours une bonne idée car cela permet de les sortir de l’ombre pour mieux les faire connaître, d’observer l’histoire du cinéma, de se rappeler des souvenirs, de mettre en avant la diversité et l’importance du cinéma.
Mathilde RABREAU