ONPL : quand un chef d’orchestre dévoile ses secrets de cuisine !
Directeur musical de l’Opéra national de Cannes Provence Côte d’Azur depuis plusieurs années, Benjamin Lévy débarque à Nantes le 16 octobre 2022 pour devenir le chef d’orchestre de l’ONPL le temps d’un concert un peu spécial… Durant une heure, il va nous faire découvrir les dessous du métier de chef d’orchestre.
C’est l’objectif du projet « La cuisine du chef », une série de concerts accessibles aux familles : des chefs d’envergure nationale ou internationale viendront livrer leurs petits secrets, tout en illustrant leurs propos par des extraits joués par les musiciens.
Le comparatif avec l’univers culinaire est bien trouvé, d’après Benjamin Lévy lui-même :
Il y a beaucoup de similitudes entre un chef d’orchestre et un chef cuisinier. Nous imaginons chacun des saveurs, des accords dans notre tête auxquels nous essayons ensuite de donner corps…
Ce nouveau concept est appétissant, bien qu’il s’intègre parfaitement dans la politique culturelle de l’ONPL. En effet, les spectacles commentés sont assez courants, que ce soit lors du concert des étudiants à 2€, la nuit du VAN ou encore le Nouvel An. Que l’on soit passé par le Conservatoire ou que l’on soit novice, l’ONPL permet à tous les publics de s’y retrouver. N’hésitez donc pas à franchir le pas, la musique classique n’est pas aussi austère qu’elle en a l’air, et je vais vous le prouver dans cet article !
Pour ce premier épisode de « La cuisine du chef », Benjamin Lévy a choisi le thème « L’orchestre danse ! » pour un programme qui ne manque pas de sel. Avec des valses, des polkas, des ballets et même une farandole, le chef puise dans le répertoire lumineux et festif de la Belle Epoque pour nous donner envie de quitter les fauteuils de la Cité des Congrès et nous mettre à danser.
En guise de mise en bouche, ce sera une partition exubérante d’Offenbach, avec des timbales et des cordes pincées. Le sourire aux lèvres, on a presque envie de crier « Olé ! » à la fin de chaque petit mouvement guilleret.
Puis succède Johann Strauss, le bien nommé « roi de la valse » qui en a composé plus de cinq-cents. Avec À la chasse, l’appel des trompettes et les coups de fusil donnés par la grosse caisse donnent envie de se mettre en mouvement, que ce soit pour poursuivre les chevreuils des forêts autrichiennes ou pour tourbillonner dans un bal viennois.
Le plat principal est sans doute le Ballet des flocons de neige tiré de l’opéra Le Voyage dans la lune d’Offenbach. La machine à vent est utilisée comme l’un des effets spéciaux permettant d’imaginer les bourrasques sur la lune… J’ai été déroutée par cet engin plus cacophonique qu’autre chose ! Il gâchait les jolis passages de flûte traversière, comme une viande grasse qui plombe les petits légumes croquants qui l’accompagnent. Et ce, malgré un assaisonnement du chef particulièrement réussi (le « phrasé » qui permet de rajouter du rythme). Néanmoins, j’ai peur que ce repas risque de me rester sur l’estomac…
Heureusement, la Valse du Divertimento à sept temps de Leonard Bernstein apporte beaucoup de calme et de douceur. C’est un dessert tout en délicatesse.
En guise de digestif, nous avons droit à deux partitions cocasses d’Anderson. Dans la Valse des chats, les violons miment avec beaucoup de réalisme les miaulements… jusqu’à entendre un « wouaf » sonore qui les fera déguerpir en un dernier feulement. Changement d’ambiance avec Plink Plank Plunk qui me permet de découvrir la technique du pizzicato : des pincements de cordes sur les violons, violoncelles et contrebasses qui produisent des sonorités étonnantes.
Après cette parenthèse drôle et ludique, le repas de fête offert par Benjamin Lévy n’est pourtant pas achevé ! Pour terminer en beauté, et nous donner envie de continuer à danser, il puise dans le répertoire français avec Georges Bizet et Emmanuel Chabrier. Que ce soit avec la Farandole de l’Arlésienne du premier, ou la Danse slave extraite de l’opéra-comique Le roi malgré lui du second, les images de danseurs et de princesses se superposent aux notes de musique entraînantes de l’orchestre.
Si le thème proposé était « L’orchestre danse ! », on devrait plutôt dire « Le chef danse ! » (ce qui n’est pas plus mal, car nous avons eu la démonstration qu’il est difficile de se déhancher en jouant d’un instrument). Avec ses larges gestes et ses déplacements sur l’estrade, Benjamin Lévy a une énergie communicative et lance le rythme.
Comme vous l’aurez compris, en dépit d’un atterrissage raté sur la Lune, j’ai beaucoup aimé ce programme pétillant et acidulé ! Avec des exemples variés, Benjamin Lévy a pu montrer comment il arrive à orchestrer la brigade de l’ONPL, à trouver les accords parfaits de chaque plat, et à nous transposer en pleine salle de bals.
Chronique de Maurane pour l’Atelier des initiatives
La cuisine du chef : L’orchestre danse !
ONPL à la Cité des Congrès