20 avril 2023

Otite, non ! Fièvre, oui !!!

En cette soirée du 8 mars, après un orage intense et aqueux, c’est désormais de la musique qu’il y a dans l’air alors que je m’approche de la Cité des Congrès. Ce soir l’ONPL est dirigé par Manuel Hernández Silva et complété par le Alexis Cárdenas Quartet, et ils nous proposent une exploration de la musique qualifiée de latine au travers de six pièces de différentes périodes. Deux sont même des commandes créées pour l’occasion de cette tournée nommée Fièvre latine.
Je récupère l’invitation et la revue de l’ONPL, puis quelques marches et me voilà placé. Du pied de la scène jusqu’au poulailler, le grand auditorium de la Cité se remplit. Pendant ce temps, certains musiciens passent et repartent de derrière leurs pupitres pour faire des vérifications, jusqu’à ce que tout le monde soit installé, sur scène comme dans le public.

Très bonne entrée en matière que l’Introduction et rondo capriccioso de Camille Saint-Saëns. J’aime beaucoup la manière dont l’orchestre accompagne le soliste au violon “par touches”, tout du long. Et l’énergie dégagée par l’interprétation de l’ensemble est vraiment captivante.

Sur la deuxième pièce proposée Tzigane, pour violon et orchestre de Maurice Ravel, je ne saurais par contre trop qu’en dire. Je n’ai rien à reprocher à l’interprétation qui sonne bien. C’est bien fait, je n’accroche juste pas, ça arrive.

La suivante est Invierno Porteño de Astor Piazzolla qui me parle beaucoup plus. Je trouve qu’elle dégage beaucoup de force. Lors des passages de solo au violon d’Alexis Cárdenas, les membres de l’orchestre échangent des regards de complicité de leur admiration partagée.

Je suis le compositeur. Et je suis vivant, oui !

c’est avec cette phrase que s’introduit Gabriel Sivak sur scène. Et enchaîne sur l’explication de sa démarche. Lagrimas de Tahuari, littéralement les larmes de tahuari, le tahuari étant un arbre; est une pièce qu’il a écrite en réaction à une visite qu’il a faite à un peuple d’Amazonie. Il y a intégré des éléments sonores pour reproduire diverses ambiances : bruits naturels, machines de la déforestation, musique folklorique …
Claquage de doigts serpentant dans l’assemblée, tapage d’instruments, papier bulle percé, tube plastique tournoyant, eau introduite dans un cor … les techniques pour reproduire les multiples sons sont diverses.
Je me dois de noter que le placement dans la Cité des Congrès offert par l’invitation de l’ONPL est vraiment idéal pour à la fois profiter de la musique et avoir une superbe visibilité de tout ce qui se passe sur scène. Merci à eux.
C’est pour moi la pièce la plus intéressante et originale de la soirée.

Plus de mal à rentrer dans cette seconde création mondiale du concert, Rapsodie latina de Gonzalo Grau. Cependant, au fur et à mesure je me laisse emporter par sa rythmique. Pris dans l’énergie, Alexis Cárdenas, en fait voler les partitions ! Et il s’en va même violonner dos au public, pour se placer entre le piano et la contrebasse de son quartet, qui l’ont rejoint sur scène suite à l’entracte. Pendant ce temps-là, le chef d’orchestre, un peu « inutile », devient un spectateur dansant ! Il a vraiment un tempérament de showman comme le laissait présager sa manière déjà expressive de conduire l’orchestre.

Le dernier membre du quartet se faufile sur scène avec son cuatro, une guitare à quatre cordes alors que Alexis Cárdenas lance la pièce suivante Fuga con Pajarillo d’Aldemaro Romero en chantant et sifflant. Ses premiers fans ne sont définitivement pas dans le public mais dans l’orchestre, lui-même à la vue de leurs réactions. Toujours pris dans cette énergie jouissive, de chef d’orchestre, Manuel Hernández Silva passe aux maracas et à la podorythmie se fondant dans l’orchestre.

Après une standing ovation plutôt nourrie, l’Alexis Cárdenas Quartet désormais au complet, nous offre un bis sans orchestre pour conclure cette belle soirée.

CTF

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