Chicken Ring : un match d’impro en plein western
Je suis une habituée des spectacles proposés par la compagnie professionnelle d’improvisation La Poule au Théâtre 100 noms, comme Chaos ou Le Petit détournement. Pour 2023, un nouveau format est proposé par cette troupe de comédiens : un match d’impro nommé Chicken Ring. Un match d’impro, cela peut sembler assez basique… Mais avec La Poule, c’est du grand art !
Quand le rideau se lève, nous sommes plongés dans l’Ouest américain. Deux groupes d’éleveurs de poulets rivaux se font face : les deux frangins Turner et les cousines McCoy. Ils sont prêts à en découdre. Mais l’arme à feu est prohibée par le gouverneur Sucksballs.
Les deux clans vont donc être départagés en racontant à chaque round la meilleure histoire improvisée. Pour cela, rien de plus simple : le public lance son plus beau « HIIIIIII HAAAAAA ! » pour voter. Un arbitre est là pour donner des indications et pour compter les points… Mais aussi pour lancer des petites blagues et pour chauffer la salle, un rôle qui lui convient parfaitement tant il a d’énergie et d’humour !
Et d’ailleurs, Chicken Ring c’est une heure trente de franche rigolade et de lâcher prise ! A partir d’un thème, et avec seulement une poignée de secondes de réflexion (voire une absence totale de cocus), les comédiens parviennent à créer des histoires parfois poétiques, souvent drôles, toujours épatantes. Ainsi, sur le thème « vivre vite », l’un des garçons incarnait une goutte d’eau qui s’étonnait de ne pas avoir disparue au fond du tuyau avec ses congénères, car elle avait été récupérée par un humain (son acolyte, le frère Turner).
A l’intérieur d’une histoire, les tirades s’enchaînent avec naturel. Le texte est ciselé comme s’il avait été écrit d’avance… Et pourtant il s’agit bien de prises de parole impromptues ! Dans l’une des scénettes, le champ lexical des pommes a donné de jolies tirades :
« On ne fait pas de tarte aux pommes sans casser des pépins. Notre amour sera éternel, aucune pomme ne nous arrêtera ».
Le spectacle est rythmé par la musique jouée en live par un incroyable guitariste. Il improvise lui aussi d’une certaine manière. Parfois, il reçoit une instruction « une musique entraînante, tu as ça dans ta boîte à cordes ? ». Mais la plupart du temps, il trouve de lui même les accords qui conviennent parfaitement au jeu et au texte des acteurs. En plus de souligner le propos, les sonorités folk et country participent à nous plonger dans l’ambiance western.
Ma battle préférée du spectacle était « le duel ». Chaque équipe choisissait son représentant pour un « seul en scène ». L’arbitre a demandé une chanson improvisée évoquant le crépuscule, ce qui a donné deux interprétations opposées, l’une très pêchue, et l’autre tirant vers le blues. Cela permet de découvrir les talents de chaque artiste (qui se révèle chanteur, en plus de comédien !). J’ai moins adhéré aux improvisations croisées (les duo sont formés par un membre de l’une et de l’autre équipe), car il est difficile dans ce cas de départager les Turner des McCoy.
Mais finalement, qu’importe les points, car les deux équipes sont toutes les deux d’un très haut niveau ! D’ailleurs, les « Hiiii Haaaa » fusent de toute part, et l’arbitre lui-même concède des égalités pour certains défis. En fin de compte, les frères Turner gagnent de peu (7 points contre 6 pour les McCoy), mais les cousines comptent bien prendre leur revanche… rendez-vous le 17 mai au Théâtre 100 noms pour savoir qui gagnera la 2e manche !
Chronique de Maurane pour l’Atelier des initiatives
Chicken Ring, nouveau spectacle de la compagnie La Poule
Théâtre 100 noms