La chica, un concert envoûtant
Juchée tout en haut de la grande salle du Pianock’tail, je ne sais pas ce qui m’attend. Je ne connais pas La Chica et je n’ai pas souhaité l’écouter en amont du concert. Je suis prête à plonger dans l’inconnu et découvrir l’univers de cette artiste franco-vénézuélienne.
La Chica arrive sur scène et allume de l’encens, qu’elle pose délicatement en bord de scène. L’odeur nous parvient quelques minutes plus tard, qui éveille nos sens. Une odeur difficile à décrire mais agréable, boisée.
Puis elle se met au piano et l’envoûtement commence. Elle égrène ses notes dans une intro mélodieuse, avec une aisance et une maîtrise déconcertantes.
A la fin de la chanson, elle se présente. Elle nous prévient qu’elle ne va chanter qu’en espagnol parce que ça sonne mieux mais qu’il n’y a pas besoin de comprendre les paroles pour ressentir la musique. Au fur et à mesure du concert, elle prendra le temps d’introduire chaque chanson, ce qui m’a permis de mieux me connecter à sa musique.
On découvre des bribes de sa personnalité lors de ses échanges avec le public et c’est très agréable.
Elle est naturelle, spontanée, authentique.
Mention spéciale pour la création lumière qui l’accompagne tout le long du concert et qui sublime sa musique. Elle est comme un écrin qui habille son univers. Hypnotique, douce ou chaleureuse.
Parmi les chansons qui m’ont marquée, il y a cette musique pour les femmes, qu’elle appelle « brujas » (sorcières en espagnol), un hymne à leur force, leur puissance. Des phénix qui peuvent mourir et renaître plus fortes, plusieurs fois au cours de leur vie. Puis une sur le deuil qu’elle appelle « cantos por los muertos », une autre sur la passion amoureuse ou encore celle en forme d’ode à la nature et à l’eau, l’eau qui purifie.
Son univers est imprégné d’une forte spiritualité et d’une connexion à la nature, aux éléments de la terre.
Musicienne de talent, elle nous a offert aussi un moment percussions avec son piano, saisissant.
L’une des dernières chansons qu’elle joue est un hommage à son peuple vénézuélien, qui souffre depuis des années, et dont on parle peu, nous dit-elle. Elle allume alors des bougies et nous invite à exaucer des vœux, à formuler des souhaits, chacun pour soi.
Sa voix est tantôt puissante quand elle monte, tantôt cristalline comme de l’eau, délicate, gracieuse, à l’image la musicienne.
Elle a même joué du piano debout sur la chaise, habitée par ce qu’elle chante, tout en finesse et poésie.
A la fin du concert, elle nous fait chanter et « réveiller nos voix de l’hiver », ajoute quelques notes d’humour, et le public se prête au jeu. C’est beau, soudainement, cette communion tous ensemble.
Elle finit par un chant a cappella dans un moment magique, suspendu.
Vous l’aurez compris, j’ai été complètement charmée et impressionnée par le talent et l’univers de La Chica. Plus qu’un concert, c’est une expérience, un voyage que je ne peux que vous inviter à faire.
Anaïs