La rétrospective de Kinuyo Tanaka
C’est toujours un plaisir d’aller au cinématographe. C’est vraiment une salle magnifique, un lieu agréable avec une belle énergie. J’ai trouvé ça dommage d’y avoir vu si peu de monde pour cette rétrospective qui méritais d’être vue.
Et en même temps je ne peux blâmer personne, je ne connaissais absolument pas Tanaka, même pas de nom, ça a été une découverte totale.
Une découverte et un plaisir de voir des œuvres de femmes, surtout pour Tanaka qui a si souvent été sur le devant des caméras et qui a fais le pas de passer derrière. Je n’arrive même pas à saisir l’aspect mémorable de ce changement, Tanaka est seulement la troisième femme japonaise à réaliser un film.
On y voit beaucoup de plans fixes, peu de mouvement dans l’image mais une action qui se joue plutôt dans la portée émotionnelle complexe de ses films ( du moins ceux que j’ai pu voir ). Il y a une forme de justesse dans l’économie des mots et images qui met les sentiments en exergue.
Son cinéma est remplie de personnages féminins complexes et centraux, il y a aussi une forte récurrence de l’émancipation de la femme face vécu comme un problème face à des questions d’honneur, comme si elle ne se respectait pas.
La Princesse Errante est un beau film, complet et juste. J’ai senti dans celui ci plus que dans les autres ( peut être par sa portée historique) un décalage entre la culture qui m’a élevée et les mœurs japonaise. Il s’agit de l’histoire d’une princesse japonaise qui se marie avec le frère du prince de Mandchourie dans union politique et stratégique. Mais pourtant il s’agit d’un mariage heureux qui se développe en filigrane de la guerre et des destructions qu’elle engendre.
Ce film s’ouvre sur le plan magnifique et mystérieux d’une jeune femme allongée sur un parre terre de feuille morte. Cette image m’a vraiment marqué, les formes et les couleurs étaient dignes d’une peinture.
Mademoiselle Ogin était un film avec une énergie vraiment différente, même si l’histoire se déroulait encore une fois avec un fond historique complexe, les sentiments étaient peut être plus preignant. J’ai aimé aussi cette récurrence de la cérémonie du thé qui est vraiment une belle fenêtre sur une culture qui m’est presque inconnue.
J’ai encore en mémoire le bleu magnifique du jour qui tarde à se lever sur lequel s’ouvre le film.
On sent réellement cette maîtrise du cinéma acquise au fil des nombreux films où elle a joué dans sa carrière d’actrice.
La nuit des femmes m’est apparue comme bien plus dénonciateur et moralisateur. Ce film est porteur d’un discour étonnant pour l’époque où l’on voit la volonté d’émancipation dans le contrôle de son propre corps en tant que Femme. Les émotions décrites sont encore une fois d’une grande finesse quand les autres étaient un peu plus lyriques, très chargés d’émotions moins complexes.
Cela fait plaisir de voir la grande présence des personnages féminins, ici les hommes sont relativement exclu des images, ils y ont peu de présence même si ils restent un grand sujet dans les enjeux du film.
Il est quand même important de préciser que c’est un film avec des aspects violents, il mériterais peut être un simple avertissement pour que tout le monde puisse profiter du film sans être surpris par son aspect cru.
Passons à Lettre d’amour. Je ne suis pas sûre qu’il soit encore nécessaire d’écrire que c’était un très beau film, également très doux. L’histoire d’amour y était étonnante surtout au vu de l’implication des acteurs extérieurs dans l’histoire.
La récurrence de la lecture de la lettre d’amour lu plusieurs fois est vraiment intéressante scenaristiquement. Quelques chose se cristallise autour de cette lettre qui est antérieure à l’histoire et pourtant presque tout nous y ramène.
Je pense que l’essentiel à retenir de Tanaka, outre le fait que ses films n’ont pas vieillis, ils sont essentiels dans l’histoire du cinéma pour tracer une lignée de Femmes réalisatrices qui contrairement à certains discours, ont laissé une grande marque dans l’évolution de cette discipline.
Ps: mention spéciale à la plaquette explicative du cinématographe, écrite d’une manière vraiment particulière et très pédagogique