16 mars 2022

Lazare Academy

Mars 2022 : pluie de sable, guerre en Ukraine et hausse du gaz …

BASTA ! RENDEZ-NOUS L’AN 2000 ! Le bon temps où l’on pouvait sniffer de la colle Cléopâtre, jouer aux Sims et regarder la Star Academy avec insouciance.

La Star Ac’ c’était vraiment l’une des meilleures émission de télé-réalité du PAF. Jenifer, le piano de Mathieu Gonet, Paris Latino, le stress des éval’, les primes, les debriefs de Rafi, l’orange du marchant, des rires, des larmes, des câlins … Combien de candidats sont sortis du château grandis ! Oui, ça se passait dans un château, parce que la Star Ac’, c’était pas un truc de pequenauds.

La formation se déroulait au fameux château de Dammarie-les-Lys, mais (de source sure !) elle a failli être de celui de Grigny. L’une des actuelles résidences des pensionnaires de la compagnie-école du Théâtre du Fil. Un projet mêlant art et social. Depuis 1975, des spectacles sont montés entre des jeunes comédiens-animateurs et des acteurs du tissu social d’Île de France. Que ce soit dans des quartiers dit « sensibles », des instituts médicaux, des prisons ou autres.

C’est la-bas que Lazare, comédien, auteur et metteur en scène, a fait ses premiers pas dans le monde du théâtre français. Tiré de son apprentissage au Théâtre du Fil, depuis plusieurs années avec sa compagnie Vita Nova, il reprend régulièrement les codes et les décors communautaires pour créer des œuvres, pourtant, abracadabrantesques !

La petite dernière s’appelle Coeur instamment dénudé. Elle a été écrite pendant le confinement de 2020 et est aujourd’hui sur les planches du Grand T à Nantes.

Alors que les premières minutes ressemblent à un spectacle de fin d’année amateur, on en ressort finalement sans dessus dessous, les cheveux en pétard. Comme une bonne soirée sous ecstasy. On y croise aussi bien E.T l’extraterrestre qu’un oreiller qui parle ou encore un ours qui danse avec une marguerite géante. Mdr

Ces protagonistes improbables sont ceux de l’histoire de Psyché, la déesse de l’âme dans la mythologie gréco-romaine. Sans trop de spoils, c’est la meuf de Cupidon et donc la belle-fille de Vénus, mais ça n’a pas été facile-facile d’en arriver là. Et clairement, ceux qui ont écrit ça à l’époque ne buvaient pas que du vinaigre non plus …

Pour vulgariser le texte sacré, Lazare l’a complètement revisité en utilisant le registre de la street contemporaine, brasant aussi bien les références profanes que savantes. « Oh pauvre de moi, wesh ! »

Alors même si l’on ne comprend pas tous les passages car trop psychédéliques, la troupe d’acteurs-chanteurs-musiciens occupent la scène avec brio. Pendant près de 2h, ils cabriolent autours des effets artisanaux vêtus de leurs costumes de lumière (une collection que j’aimerais beaucoup avoir dans ma malle à déguisements en passant). Et puis la musique, oui la musiiiiikeuu, qu’ils interprètent très justement sur des chansons dignes des plus grands tubes de Fatal Bazooka.

Un vrai Feel Good Play qui fait du bien par où ça passe.

Qu’on me donne le numéro du dealer de Lazare car il a réussi à m’enseigner le mythe de Psyché d’une manière beaucoup plus divertissante que ce qu’il y a d’écrit sur Wikipédia … Pourrait-on faire la même chose avec le mythe de Jésus ?

Pour sauver Vénus, tapez 1, pour sauver Psyché, tapez 2 et pour Cupidon tapez 3 au 81010.

Camille Heebie Aliagas

photo @jeanlouisfernandez
photo @jeanlouisfernandez

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