5 mai 2022

L’étang, une étrangeté qui laisse perplexe

Lorsque j’ai vu que la nouvelle création de Gisèle Vienne était proposée aux blogueurs, j’ai foncé m’inscrire. Je me souviens l’avoir découverte avec sa pièce Kindertotenlieder qui m’avait marquée par son originalité et son aspect vaporeux.

En ce qui concerne L’étang, je m’attendais à retrouver la sombre et inquiétante étrangeté de son univers et le trouble qu’il provoque chez les spectateurs, déroutés, et pourtant, j’étais loin de ce qui m’attendait…

La scène d’entrée d’abord. Un lit une place, plein d’objets éparpillés sur le sol, à côté et sous le lit et une toute petite table de chevet. De hautes parois blanches encerclent ce décor épuré, ce qui rappelle une chambre d’hôpital. (psychiatrique a priori)

On retrouve alors les célèbres poupées, l’une des marques de fabrique de l’artiste, disposées un peu partout, façon soirée d’ados. Une musique au volume sonore élevé vient m’agresser, comme sortie de nulle part, pendant quelques secondes, puis le manipulateur de marionnettes-poupées rentre sur scène pour les récupérer, une à une, d’un geste vif et saccadé, presque violent.

Arrivent alors Adèle Haenel, qui interprète le personnage principal, un adolescent visiblement mal dans sa peau, et Julie Shanahan qui incarne plutôt les parents/adultes.

Marche très lente, presque en slow-motion, comme si elles marchaient sur la lune, que les deux comédiennes tiendront tout le long et qui techniquement, est impressionnant. Puis la parole surgit.

J’ai été impressionnée par le jeu d’Adèle Haenel. Elle alterne plusieurs personnages imaginaires, qui interagissent dans sa tête, et elle garde la même intensité jusqu’à la fin dans l’interprétation de tous ces personnages. (qui étaient peut-être représentés par les poupées ?)

Exercice périlleux mais réussi, elle est tout aussi crédible dans le rôle d’un jeune adolescent dépressif et possiblement schizophrène.

J’ai également apprécié la création des lumières qui donnent à voir différentes couleurs, en lien, peut-être avec les états émotionnels de l’adolescent.

Mis à part ces quelques notes positives, je dois avouer que je n’ai pas du tout adhéré à cette création, qui non seulement m’a laissée dans une perplexité et une incompréhension totales, mais qui m’a aussi mise dans un inconfort, de façon épidermique.

Crispée, gênée par la « musique » trop forte et agressive, par la lenteur des scènes et par les bruits gênants qu’éructaient les personnages à plusieurs moments, je suis restée complètement en-dehors de la pièce, dans une confusion perturbante.

Bien sûr que c’est intéressant de ne pas toujours donner clairement toutes les clés de compréhension au spectateur et de laisser une part d’imaginaire, de projection, de liberté, mais ici cette opacité exclut plus qu’elle n’immerge, à mon sens.

J’ai fini par décrocher, petit à petit, à mesure que certains spectateurs s’échappaient de la salle et j’ai été physiquement soulagée quand le spectacle s’est terminé.

Aucun doute, les créations de Gisèle Vienne provoquent une réaction. Elles dérangent, intriguent, déplaisent, perturbent, mais vous marquent, à tous les coups.

Anaïs

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