25 janvier 2023

Life insurances, une ode dansée à l’amitié

J’ai couru pour arriver à temps voir cet ovni nommé Life insurances, créé et dansé par Léa Rault et Alina Bilokon.

A peine assise et encore essoufflée, les premiers mots du spectacle surgissent. Sur scène, un grand rideau de fils verts occupe le fond et le sol de la scène et tombe légèrement jusqu’au bord de scène. On entend alors les deux artistes échanger entre elles, en off, de banalités, du dernier pipi avant l’entrée en scène, du stress, des petits échauffements, comme si on était des petites souris qui avaient droit aux coulisses. J’ai beaucoup aimé cette introduction qui crée une intimité immédiate avec les deux danseuses et une proximité qui m’a aidée à me plonger dans leur univers. Une introduction originale qui accroche. Puis la voix d’un homme nous parvient, le fameux message qui nous déconseille l’utilisation du téléphone portable pendant le spectacle, mais tourné avec beaucoup d’humour et d’ironie. Sa deuxième intervention qui tournera en dérision le monde de la danse contemporaine, son snobisme, est très drôle et est à l’image de cette création qui surprend, se joue des codes et les détourne.

Le ton est donné, les spectateurs sont mûrs pour l’entrée des deux artistes.

La lumière s’allume, Léa Rault arrive sur scène dans un costume étrange de type fleur. Ses mouvements et son attitude provoquent les rires dans la salle. Puis c’est au tour d’Alina Bilokon d’arriver dans la même tenue que sa comparse. Très rapidement, elles vont se mettre à danser ensemble, dans une chorégraphie décalée et drôle, tout en chantant, ou plutôt en mimant les paroles de la chanson, qui parle de leur amitié. Elles chantent d’ailleurs très bien. L’ode à l’amitié justement, c’est ce qui m’a le plus touchée dans cette création. Quand l’une chute, au propre comme au figuré, l’autre est là, pour la soutenir, l’aider, la relever. Dans mon souvenir, celle qui chute à plusieurs reprises, c’est Alina Bilokon, et Léa Rault n’aura de cesse de l’aider, et même de la sauver d’entre les morts.

Ce thème en danse est peu exploré et j’ai été vraiment réceptive et sensible au traitement que les deux artistes font de l’amitié et à leur vision, qui résonne en moi.

L’univers du spectacle m’a rappelé celui de Fiona Gordon et Dominique Abel, réalisateurs et comédiens, qui forment un duo fusionnel, et qui ont un regard poétique et décalé dans leurs œuvres.

J’ai aussi beaucoup aimé ce moment de « la danse sans danger » où l’une des danseuses, à force de suivre les recommandations pour une « danse sans danger », remplacera par exemple le grand écart par un O avec sa bouche.

Seul bémol, j’ai décroché à la moitié du spectacle, quand Léa Rault installe des cordes, place un projecteur, etc. Il ne se passe pas grand chose, et ce moment m’a semblé long, ce qui m’a fait perdre la concentration que j’avais durant la première moitié.

La fin du spectacle est très jolie et poétique, l’humour laisse place à l’émotion et surgit une scène pleine de finesse qui parle avec justesse de la perte.

Il m’a fallu relire le texte de présentation du spectacle sur le site du TU pour comprendre que Life insurances était une traversée dans le temps, de l’enfance à la mort. Je n’ai pas vraiment saisi que la première danse représentait l’enfance et qu’il y avait une chronologie mais peu importe.

Je me suis bien laissé porter par la forme de cette création hybride, à mi-chemin entre danse, chant et performance, le tout dans un univers décalé et ironique que j’ai rejoint avec plaisir.

Ce spectacle était programmé dans le cadre du Festival Trajectoires, qui a lieu jusqu’au 22 janvier.

Anaïs

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