Terrenoire, un concert à revoir
C’est lors d’un pluvieux jeudi de novembre que je suis allée voir Terrenoire en concert à la Bouche d’Air. Je connais bien la salle Paul Fort puisque j’ai pu visiter ses coulisses lors d’une sortie que j’avais organisé pour l’Atelier des Initiatives et ce n’est pas le premier concert que je vais voir dans cette belle salle.
Terrenoire, c’est un groupe composé de deux frères fondé en 2017, Raphaël et Théo Herrerias. Le nom de leur groupe est directement lié à leurs origines : le quartier Terrenoire à Saint-Etienne.
Personnellement, je ne les connaissais que très peu via leur prix aux Victoires de la Musique cette année dans la catégorie « révélations » et leur chanson Jusqu’à mon dernier souffle. Aimant les chansons françaises à textes et ayant confiance en la programmation de la Bouche d’Air, c’est tout naturellement que j’ai souhaité découvrir un peu plus leur univers. Et je ne le regrette absolument pas !
Le concert était absolument parfait : les voix, les arrangements, les textes des chansons, l’ambiance, la scénographie, les musiciens, j’ai tout adoré !
Je ne peux qu’applaudir la performance des deux frères. Leur symbiose se ressentait réellement, comme s’ils avaient été faits pour faire ce projet ensemble. Ils sont à la fois un et plusieurs ; tantôt leurs voix s’unissent, tantôt elles divergent. Raphaël est plus sur le devant de la scène, chantant la majorité des paroles, Théo s’affiche plus en fond de scène, gérant les arrangements et les chœurs. Chacun apporte sa touche et complète l’autre. La voix de Raphaël est envoutante, chaude et puissante, celle de Théo est telle un caméléon ; parfois aigue et extraterrestre lorsqu’il fait les chœurs, parfois douce et mélancolique lorsqu’il accompagne son frère ou chante en solo.
En plus de gérer parfaitement leur instrument du début à la fin du concert, les deux frères sont de vrais show-men. Leurs danses et mouvements sont à eux-seuls un spectacle, on sent leur passion pour ce qu’ils font et leur envie de partager. Ils savent mettre du sérieux ou de l’humour là où il faut. La salle à taille humaine et leur joie d’être là ont permis une proximité certaine avec le public.
Un élément clé de leur concert est à mon sens la scénographie et les jeux de lumières qui ont été incroyablement bien pensé. Lorsque les chansons étaient à teneur joyeuse, les lumières jaillissaient de toutes part avec des couleurs flamboyantes, lorsque les paroles étaient plus sérieuses et sombres, le faisceau se resserrait, créant une atmosphère intimiste.
Au derrière de la scène, il y avait une sorte de grosse boule argenté que j’ai trouvé très bien exploitée et qui participait à la dualité de la proposition musicale. D’un point de vue purement scénaristique, elle changeait de couleur en reflétant les lumières, rendant le spectacle éclatant. D’un point de vue symbolique, elle s’apparentait à une lune, mais aussi un soleil ou encore une boule à facette. Finalement, elle représente parfaitement le projet de Terrenoire, rempli de parallèles et de contraires. C’en est d’ailleurs le titre de leur album : Les Forces Contraires, sorti en 2020. Ils ont également sorti une réédition de cet album, avec des titres inédits, nommé : Les Forces Contraires, La Mort et la Lumière. La pochette de ce dernier rappelle d’ailleurs la boule argenté puisqu’on y aperçoit une lune, un soleil et une boule à facette (ou une planète)…
Il serait difficile de choisir un moment ou une chanson que j’ai préféré pendant le concert, néanmoins, j’ai été, comme la plupart des gens je pense, très touchée par la chanson Derrière le soleil, qui parle du décès du papa des deux frères d’un cancer. J’ai trouvé les paroles et l’interprétation très puissantes, ce fût comme un moment suspendu dans le temps. Dans un tout autre registre, j’ai beaucoup apprécié L’alcool et la fumée car elle a permis aux spectateurs de (enfin !) se lever, moi qui trépignais d’impatience de danser. On s’est touste mis à bouger et chanter ensemble et c’était génial.
« Mieux vaut faire une fois la fête bien que mille fois la fête mal »
L’alcool et la fumée – Terrenoire
J’ai également adoré La pianiste, très vintage, mais aussi Baise-moi, très sensuelle, et surtout Je veux du courage, que j’écoute parfois quand j’en ai besoin (et je crois que c’est celle que je préfère).
« Viens on essaie de changer ce destin, comme la peur et le courage ne font qu’un »
Je veux du courage – Terrenoire
A la suite du concert, mon amie et moi-même avons pu aller boire un verre dans la salle d’en dessous -Le Pannonica- et surtout avoir la chance de rencontrer les artistes et avoir des autographes. Raphaël et Théo sont tout aussi agréables et humains que l’est leur musique. Amatrice de découvertes musicales, j’écoute désormais souvent Terrenoire et je suis reconnaissante de les avoir découvert de la plus belle façon : en concert !
Je me sens privilégiée d’avoir pu assister à ce concert, d’avoir rencontré les artistes et en plus d’avoir pu en faire profiter une amie qui aime beaucoup Terrenoire.
Merci infiniment à La Bouche d’Air et à l’ADI 😉
Mathilde RABREAU