17 novembre 2021

Un voyage en forme de rêve animé

« Le trait est la voix du dessinateur, les accords sont les couleurs du musicien, certains dessins sont des sons et certaines chansons des peintures » sont les mots des quatre artistes pour parler de leur concert dessiné.

© Charles et Alfred Berberian

Ce mardi soir-là était froid et brumeux à Bouguenais, quand je me suis rendue au concert dessiné « Tous pour un », et en ressortant du Pianock’tail, ce mardi soir-là était devenu plus chaud et lumineux.

Malgré l’imposante salle du Pianocktail, c’est dans un écrin intimiste que le concert dessiné a eu lieu. Un écrin propice à la magie, à la poésie, à l’onirisme, afin de faire éclore la délicatesse des accords et des pinceaux.

Une installation sommaire mais efficace. D’un côté, les deux musiciens, JP Nataf et Bastien Lallemant et de l’autre, les dessinateurs Charles et Alfred Berberian, debout face à leur table de dessin. Au milieu, faisant le pont, le lien, entre ces quatre artistes, un écran où seront projetées les sublimes créations dessinées.

Arrivés ensemble, chacun retrouve son espace et son art de prédilection et les premières notes s’échappent. Des sonorités folk, rappelant la poussière du far west ou d’un road-trip dans les plaines américaines, des airs à la Herman Dune.

La force de ce quatuor tient dans la beauté née de la rencontre de leurs univers tout en laissant s’exprimer la singularité de chacun. Les dessinateurs, par moments, se font choristes, bruiteurs et les musiciens se laissent inspirer par les traits colorés de Charles et Alfred. Chacun est là pour magnifier le talent des autres. Ils ne se font pas d’ombre, bien au contraire, et c’est ce qui rend le concert dessiné si lumineux.

J’ai été particulièrement sensible à l’humour d’Alfed Berberian, à ses blagues sur Bouguenais qu’il prononce « Bou-gue-né », son comique de répétition lorsqu’il proclame son amour pour Dominique A et sa déception qu’il ne soit pas sur scène, ce soir-là. Parce que oui, il se trouve que la voix de Bastien Lallemant sonne vraiment comme celle de Dominique A, c’est presque à s’y méprendre.

Les musiques, douces, parfois mélancoliques, et délicates, m’ont plu mais ce sont les dessins et petits bijoux de couleurs (je n’ai pas su si c’était de la gouache ou autre chose) qui m’ont particulièrement touchée, avec un faible pour ceux d’Alfred. Ces créations magnifient les courbes du corps féminin, subliment l’amour, nous transportant de paysages en visages, au pays des rêves.

En regardant ces dessins, j’ai pensé à la chanson des Innoncents, célèbre groupe de JP Nataf, « Colore (le monde) », qui image parfaitement ce qui se produisait sous mes yeux.

Seul petit « bémol » : j’ai trouvé que leurs interactions tâtonnaient, comme si c’était encore en recherche.

Enfin, vous l’aurez compris, j’ai été emballée par « Tous pour un » et ne peux que vous conseiller très fortement d’aller découvrir ce petit trésor de poésie, d’humour et de talents, (presque) les yeux fermés !

AP

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