14 février 2023

Derviche, un concert qui fait tourner les têtes… et les cerceaux !

Il y a dix ans, le groupe Bab Assalam donnait son dernier concert en Syrie, jouant au pied de la citadelle d’Alep accompagné de plusieurs derviches tourneurs. Le trio propose un nouveau spectacle. Un artiste circassien, mi-danseur, mi-manipulateur de cerceaux, remplace désormais les derviches. Sous l’action de la musique, il créé un tourbillon… jusqu’à nous hypnotiser !

Il y a dix ans, le groupe Bab Assalam donnait son dernier concert en Syrie, jouant au pied de la citadelle d’Alep accompagné de plusieurs derviches tourneurs. Puis il y a eu la répression du soulèvement populaire, la guerre, le terrorisme et l’exil. Le trio propose un nouveau spectacle actuellement en tournée en France. Un artiste circassien, mi-danseur, mi-manipulateur de cerceaux, remplace désormais les derviches. Sous l’action de la musique, il créé un tourbillon… jusqu’à nous hypnotiser !  

Le spectacle commence dans le noir. Quatre hommes arrivent sur scène pieds nus. Ils se mettent à marcher en cercle. En silence d’abord, puis en ajoutant des percussions et du chant. Durant cette introduction très solennelle, je retiens déjà mon souffle. Je sens que la soirée va être chargée en émotion. Et mon pressentiment va s’avérer juste !

Dans la pénombre, un coup de projecteur met en avant les instruments en les nappant de lumière dorée. Chaque musicien prend place. 

Voici la distribution :

  • Khaled Aljaramani : oud et chant
  • Mohanad Aljaramani : percussions, oud et chant
  • Raphaël Vuillard : clarinettes et live electronic

Le groupe Bab Assalam chante l’amour, la famille, les épreuves et la tolérance. Les paroles sont parfois projetées sur grand écran en arabe ou en français. La calligraphie nous plonge encore plus dans l’ambiance méditerranéenne, tandis que la traduction dans notre langue nous permet de mieux nous imprégner de la poésie des textes :

« Comme le verre devient ivre en touchant tes lèvres »

« Je ne vois l’univers tant que je ne t’ai pas vu »

Cette musique, d’abord très proche de la tradition soufie, s’émancipe au fil du spectacle. Avec l’apport de Raphaël Vuillard, elle se métisse de clarinette, puis gagne franchement en modernité grâce aux consoles électroniques.

Mais ce qui fait l’originalité de ce spectacle, c’est aussi et surtout la prestation de l’artiste circassien Sylvain Julien. Il créé un mouvement circulaire continu dans l’esprit des derviches tout en apportant un élément nouveau qu’est le cerceau de hula-hoop. Il tourne sur lui-même tout en faisant bouger l’agrès autour de sa taille, de ses bras, de ses jambes ou encore de sa tête… Il trouve mille et une manières de se servir de cet objet, y compris comme instrument en soufflant dans le tube. 

Un moyen détourné de se servir d’un cerceau en plastique : le disjoindre et souffler dedans pour faire de la musiqueEt étonnamment, cela se marie très bien à la clarinette, au oud et aux percussions !

C’est une danse amoureuse qui se noue entre Sylvain et son cerceau. Au fur et à mesure que la musique gagne en intensité, le mouvement prend de la vitesse pour arriver un tourbillon envoutant. La performance est impressionnante, l’artiste circassien parvient à tourner plus de 45 minutes d’affilées. En observant ses traits tirés et le regard dur, le public ressent toute la force et toute la concentration nécessaire pour parvenir à ce résultat extraordinaire.

Au final, ce n’est plus une simple danse, mais une transe comparable aux pratiques spirituelles soufies, dont le but initial est l’élévation de l’âme et la connexion au cosmos. A l’issue de cette incroyable soirée, l’état d’exaltation est partagé : la majorité des spectateurs du Piano’cktail se lève pour applaudir la prouesse des artistes, et je suis le mouvement pour en faire de même !    

Chronique de Maurane pour l’Atelier des initiatives
Derviche
Piano’cktail

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