Hip-Opsession danse: célébration d’une danse fascinante, au caractère perméable
Le 21 février 2023, de 20h à 21h45 l’une des salles du théâtre Francine Vasse, a accueilli deux très beaux spectacles de danse, très différents sur de nombreux aspects, mais affiliables, dans une certaine mesure au mouvement du hip hop.
Cette filiation possible entre eux n’était pas sans raison. En effet, ces deux spectacles s’inscrivaient dans le cadre du festival de danse Hip Opsession, lequel met à l’honneur la forme dansée du mouvement populaire et urbain du hip-hop (la danse hip-hop est née dans les années 1970), et qui se déroule cette année du 16 février jusqu’au 26 février 2023 au sein de la métropole Nantaise.
Le théâtre Francine Vasse fait partie des lieux culturels nantais qui participent au festival, notamment en permettant à ceux-ci d’effectuer leurs représentations dans leurs locaux.
Revenons à présent aux deux spectacles.
Le premier spectacle de danse, intitulé « Bruits blancs », a été réalisé sur scène par les membres de la compagnie Aniaan (terme qui signifie « famille), et chorégraphié par Lise Dusuel. Sur scène, quatre danseurs, deux hommes et deux femmes. Quatre rencontres, quatre fusions de l’humain avec l’art de la danse. Le spectacle commence par des murmures, des consignes qui semblent données à l’attention d’un danseur, comme autant de bruits blancs l’empêchant de profiter de sa danse en la rationalisant et en le contraignant à suivre des indications. Le danseur semble contraint de subir la danse, plus que de la savourer. Il accepte de s’accorder aux multiples ordres qui lui sont donnés (« arrête » , « bouge », « la tête » , « saute » , « touche tes pieds« , « stop », « reprend »..) mais reprend parfois le contrôle et la liberté de ses mouvements. Les autres danseurs commencent alors à prendre place et à danser. Ils nous entrainent, dès leurs premiers gestes, temporairement dans un autre univers. Cet univers, n’est pas seulement celui de la danse hip hop, mais bien celui d’une danse hybride et riche de possibilités, entremêlant des mouvements issus de la danse contemporaine, avec du breakdance, mais aussi du « waking » ou du « popping ». Les quatre danseurs ont réalisé un spectacle d’une cinquantaine de minutes, d’une intensité déconcertante. Si chacun d’entre eux eut un temps de performance seul, durant le spectacle, le groupe s’est parfois coordonné et uni, avant de se désynchroniser, de se scinder pour se retrouver dans un rythme haletant. Je ne peux que recommander chaudement à tout amateur de danse d’aller assister à l’une de leurs performances, les risques de déception avoisinant le néant.
Le second spectacle, intitulé « Urja », est l’œuvre d’une jeune femme, nommée Sandra Sahardeen, appartenant au Collectif 1.5. Madame Sahardeen fut seule en scène, durant toute sa performance. Initialement immobile, son corps se dessinant sous une lumière rougeâtre, les pieds posés sur un sol sablonneux de la même couleur, tandis qu’une musique aux accents orientales commençait à s’élever jusqu’à nos oreilles. Lorsqu’elle se mit à danser, l’assemblée paru retenir son souffle. Sa dance, loin d’être assimilable au hip hop de premier abord, reste pourtant partiellement dans cette univers. Seulement, la danseuse s’est affranchie des barrières séparant les danses entre elles, et a proposé aux spectateurs étonnés une création corporelle innovante, mélangeant des mouvements de hip-hop, de krump et de danse contemporaine, à une gestuelle propre au Khalari payat (il s’agit d’un art martial indien). Urja fut en ce sens, à mes yeux, un spectacle étonnant, à bien des égards.
Cette soirée m’a ouvert les yeux sur la perméabilité des différentes danses entre elles. J’en suis ressortie plus curieuse encore de l’art de la danse, et mon appétence pour celui-ci s’est renforcé. Je remercie le théâtre Francine Vasse pour m’avoir donnée l’occasion de voir ces deux spectacles, ainsi que tous les danseurs pour la performance qu’ils ont offerte aux spectateurs présents.
Emilie, pour l’Atelier des initiatives