27 janvier 2022

Julien Bing: Bingo !

Mardi 18 janvier, ce fut la soirée des premières fois pour moi lors cette sortie blog des spectateurs. En effet, c’était ma première fois à la Compagnie du Café-Théâtre, ma première fois au spectacle de Julien Bing, mais surtout ; ma première fois à un spectacle d’humour tout court !

Je dois l’avouer, je ne suis pas une grande connaisseuse en humoristes, spectacles à voir absolument, stand-up et répliques cultes. Je ne sais pas trop pourquoi, d’ailleurs. En faisant des recherches, j’ai même appris ce qu’était un café-théâtre ! Décidément, j’ai tout à apprendre dans ce domaine. C’est pour cela que je trouve que le concept du blog des spectateurs est super ; je ressors toujours des spectacles avec plein de nouvelles connaissances et une curiosité attisée !

Maintenant que je sais ce qu’est un café-théâtre, je suis moins étonnée de la taille de la Cie du Café-théâtre ! En effet, j’ai été surprise de compter seulement une quarantaine de place en arrivant dans ce lieu intimiste. La salle se trouve dans une cour très agréable en pleine ville, où l’on peut également diner et boire un verre. On a l’impression d’être un peu priviligié.es dans cet endroit, et ce pour plusieurs raisons ; d’abord on y va souvent pour découvrir un.e artiste en émergence, peut-être un.e futur.e star ! La promiscuité du lieu joue aussi ; la salle étant petite, les spectateurs deviennent proche de l’artiste et ainsi prennent part au spectacle. Je m’y suis sentie un peu comme une avant-première d’un film que tout le monde attend !

Ce soir-là j’allais donc voir un certain Julien Bing et son spectacle « Toute la vérité, rien que la vérité, ou presque ». Pourquoi ce spectacle en particulier ? Et bien parce que son résumé m’a attiré :

« Es-tu prêt à entendre toute la vérité, rien que la vérité, ou presque ? Cette vérité qui change aussi vite que la société évolue. D’ailleurs, notre vérité d’hier est-elle la même que celle d’aujourd’hui ? Du stand-up aux personnages, Bing s’interroge avec empathie, bienveillance (ou presque) sur des vérités qui dérangent : les enfants dansent-il vraiment bien à la fête de l’école ? Peut-on sauver son couple après une sixième rupture ? Le féminisme est-il perçu comme un coup d’état pour certains hommes ? Sommes-nous … non je ne peux pas tout dire … gardons un peu de suspense ! Avec un humour intelligemment maladroit, julien Bing a un objectif : rire avec tout le monde ! Dans un monde où la nuance n’existe plus et où tout porte à polémique, conscient du danger, il s’amuse de l’image « instagrammable » dans laquelle nous sommes tous piégés…ou presque ! Attention, il prévient son public : s’il va trop loin avec lui-même, il s’insultera sur les réseaux sociaux, mettra fin à sa carrière, et s’il va vraiment trop trop loin, il s’attaquera en justice. Alors, si toi aussi, tu n’es pas parfait aux yeux de cette époque qui voudrait que tu le sois, viens le voir, je suis certain que tu lui ressembles … ou presque ! »

Image prise sur le site de la Cie du Café-théâtre

Je pense qu’un bon spectacle humoristique est aussi un spectacle qui s’attaque à l’actualité, la société actuelle et qui nous obligent à nous poser des questions. Cela avait l’air d’être le cas ici. De plus, les phrases  « Dans un monde où la nuance n’existe plus et où tout porte à polémique » et « Si toi aussi, tu n’es pas parfait aux yeux de cette époque qui voudrait que tu le sois » ont résonné en moi, me rappelant notamment « l’odeur de l’essence » d’Orelsan;

« Plus personne écoute, tout l’monde s’exprime, personne change d’avis, que des débats stériles, tout l’monde s’excite parce que tout l’monde s’excite, que des opinions tranchées, rien n’est jamais précis […] tout l’monde est sensible (sensible), tout est sensible (sensible), tout l’monde est sur la défensive, sujet sensible, personne sensible »

Orelsan, « L’odeur de l’essence »

Enfin bref, finalement j’attendais pas mal de ce spectacle !

Et je n’ai pas été déçue du tout ! Moi en mon invité, mon copain, nous avons passé un très bon moment en petit comité. Le résumé du spectacle, je trouve, le représente très bien. Si je devais retenir un mot de Julien Bing et son spectacle, ce serait bienveillance. Il n’est pas rare de s’attaquer à des minorités dans un spectacle humoristique, qu’il soit composé à 70% de blagues sur le sexe, ou encore, comme le dit d’ailleurs très bien Julien, que l’humoriste choisisse un bouc émissaire qui ne peut même pas se défendre. Et bien là, rien de tout ça, et ça fait du bien d’avoir un spectacle doux et simple. Lorsque Julien choisit quelques personnes du public, il a un véritable échange avec eux, sans les harceler, en les laissant parler, en les écoutant. Il a choisi des hommes, des femmes, mais aussi des enfants, ce qui inclut tout le monde !

Julien Bing construit son spectacle en 7 chapitres, ce qui permet de le structurer et de créer du suspens. Il aborde de nombreux thèmes comme l’enfance, l’amour, la confiance en soi, le féminisme. Il blague sur des thèmes sérieux, mais ce n’est pas pour autant qu’il dépasse les limites. Il a toujours une petite mou, une petite phrase lorsque qu’il va vers des clichés, faisant comprendre au public qu’il ne pense pas à mal. Il est très bienveillant dans sa façon de parler, de blaguer, tout en soulevant des points intéressants, comme la difficulté d’aborder des thèmes de sociétés, des débats actuels en humour, ou même dans la vie en général.

Le spectacle est varié car il y a des imitations, des personnages secondaires, de la musique, on ne voit pas le temps passer ! J’ai particulièrement aimé et rit au moment où Julien joue plusieurs personnages qui sont à l’école, des enfants rejetés (en surpoids, avec un strabisme, etc) et qu’il chante sur des chansons Disney en changeant les paroles. Derrière la blague, il y a un vrai message ; il faut accepter ses défauts et en faire une force ! Julien rit beaucoup de lui, notamment en exposant son complexe étant enfant ; de trop grandes oreilles. Il montre que tout le monde a des complexes, qu’on est tous « dans le même bateau », ainsi le public peut s’identifier à lui et cela casse la barrière artiste/spectateurs.

Le seul défaut que je pourrais reprocher au spectacle est peut-être qu’il ne va pas assez loin dans la critique de la société et les thèmes abordés. J’aurais aimé un peu plus de ces phrases sérieuses car je pense qu’il y a une vraie réflexion derrière ces blagues ! Même si je ne m’y connais pas beaucoup en humoristes, j’aime beaucoup Blanche Gardin, qui d’un enchainement de blagues dérive sur des réflexions très sérieuses sur la société. J’aurais aimé un peu plus de cela chez Julien, mais d’un autre côté le show aurait été moins léger, ce qui reste très agréable !

Pour conclure, je suis très heureuse d’avoir eu l’opportunité de voir Julien Bing, j’y suis allée en totale découverte et je ne suis pas déçue. Julien Bing est souriant, chaleureux, et même s’il n’est pas encore très connu, je pense qu’il a toute ses chances ; proche du public, une bonne éloquence, sympathique, profondément gentil et bien sûr drôle. Sa réflexion est intéressante et je retiens d’ailleurs cette phrase de son spectacle :

« On se demande souvent ; peut-on rire de tout ? Ce qu’il faudrait plutôt se demander c’est peut-on rire de nous ? »

Julien Bing

Je lui souhaite la réussite et en attendant, j’ai hâte de retourner à la Compagnie du café-théâtre découvrir d’autres humoristes !

Lien vers la page FB de Julien Bing: https://www.facebook.com/julienbingofficiel/

Lien vers le site de la Cie du café-théâtre: https://www.nantes-spectacles.com/

Mathilde RABREAU

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