La Famille Bijoux et comment Marie-Jo fut enterrée
En cette fraîche soirée du 22 février, on prend la direction du Théâtre 100 Noms au Hangar à Bananes. La foule se presse mais on trouve bien une place dans cette jolie salle pour un spectacle qui a lieu une fois par mois.
Avant de commencer, on nous sert des mouchoirs, une première mise dans l’ambiance. L’histoire de départ est la mort de Marie-José, ou plutôt Marie-Jo comme elle aurait voulu. On aurait pu croire que sa mort fut « naturelle », mais c’est sans compter sur la vie bien remplie de Marie-Jo : elle est morte à cause d’un accident de pétanque. Rien de moins. C’est sur cet air funeste et comique que la famille Bijoux nous propose un hommage bien décalé. En effet, aux anecdotes de la vie de Marie-Jo se mêlent des chansons populaires françaises (mais pas que) et aussi les histoires et les déboires de la famille Bijoux elle-même. Ces funérailles deviennent finalement un prétexte pour un pot-pourri qui conduit presque le spectacle vers une comédie musicale. Monique (ou Monica pour les italophiles), la patronne des pompes funèbres, ne ménage pas son autorité sur ses deux frères bien différents. Au centre se dresse Maxime, le cadet au rythme décalé, au sens propre comme figuré. À droite nous avons Victor, le pianiste qui en fait un peu trop, son ambition prenant le dessus, même au détriment de la cérémonie.
Il en fallait pas moins pour Marie Rechner pour créer un spectacle énergique et qui nous donne envie tant de rire que de célébrer la vie. Les acteurs se donnent pleinement à la pièce mais font aussi participer les spectateurs, réticents au début. Les personnages débordent et faillissent renverser les cendres de la défunte. On était prévenus : « La famille Bijoux, avec vous jusqu’au bout !». Et bien, c’est chose faite : on va jusqu’au bout et on finit par rentrer dans la vie intime de la famille Bijoux, avec Marie-Jo toujours en toile de fond (une vraie toile aussi). C’est alors qu’on ne peut s’empêcher de développer de l’affection pour cette famille dont l’âge d’or paraît bien révolu : Monique en rupture et au bout du rouleau, Maxime l’irrécupérable et Victor qui profite du vide pour faire de l’auto-promotion. Et pour ne rien arranger, les pompes funèbres des Bijoux se portent mal. Malgré tout, la cérémonie doit arriver à son terme, c’est alors que la famille reprend ses forces pour quelques dernières reprises de chansons italiennes (mais pas que).
Par Paco Ventana