« SOMNOLE » de Boris Charmatz, Quand un homme endormi vous maintient éveillés
Mardi 12 Décembre, se produisait Boris Charmatz, à la Soufflerie de Rezé, pour son spectacle « SOMNOLE ». Ce que j’en savais avant d’y aller : un solo de danseur/chorégraphe accompagné par ses propres sifflements pour aborder le sommeil. Curieuse de découvrir un spectacle de danse contemporaine dont je n’ai pas l’habitude, je dois avouer que j’y allais avec une certaine appréhension… et si je trouvais le temps long ? La surprise n’en a été que meilleure.
Il est arrivée sur scène, vêtu d’une jupe en patchwork, léger comme le vent, accompagné de son sifflement, semblable au vent, ou au cri d’une chouette hulotte, nous plongeant dans un univers nocturne. La mise en scène était pure. Pas de décor, une lumière monochrome, parfois une douche ou une poursuite, juste ce qu’il fallait pour magnifier la performance.
Nous avons pu suivre un homme dans sa nuit. Nous nous sommes baladés dans ses rêves, ses cauchemars, les moments où il tourne dans son lit. Le rythme, la gestuelle, ainsi que les différentes notes sifflées, nous ont permis d’interpréter ce spectacle. J’ai vu les moments de lutte avec le sommeil, les rêves sympas, légers, pouvant laisser place sans crier garde à des cauchemars enfermant. J’ai été plongé dans un western, dans le clip de Billie Ellish, et au milieu d’une boom. J’ai également pu reconnaître ces moments où le subconscient refait surface, ramenant le travail dans cet havre qui devrait être de paix. Le travail de recherche du chorégraphe qui revient, des souvenirs professionnels, mais aussi des choses qui débarquent de nulle part . Comme quand on se retrouve à faire un goûter d’anniversaire avec son patron et casimir (quoi, ça ne vous ait jamais arrivé?) .
Même son costume était sujet à interprétation. En fonction de sa gestuelle, ses postures, j’ai pu voir l’adulte chorégraphe, mais également un enfant, parfois un petit garçon, parfois une petite fille, qui se cache sous sa couette.
Il nous a emmené dans des univers très différents, dans la curiosité, la gêne, la joie, même dans l’humour, nous offrant une belle palette d’émotions . Il a même réussi à emmener le public avec lui (physiquement), nous offrant un tableau très touchant.
Puis il est reparti comme il était arrivé, laissant derrière lui une traînée de plénitude, emmenant le public tel le marchand de sable, vers ses propres songes…
Je conseille donc vivement à tout le monde de vivre cette expérience. Une belle occasion de voir un chorégraphe réaliser une performance physique et sonore, avec son corps comme simple instrument.
Chronique de Carolina pour l’Atelier des initiatives
SOMNOLE
La Soufflerie Rezé