29 novembre 2021

Pärt, ensemble et tout

Ce soir, 12 novembre 2021, le temps est à la bruine. A dix-neuf heures et quart, une longue file s’est déjà formée d’un bout à l’autre du Lieu Unique. Cette soirée, dans le cadre de Préludes et proposée en coréalisation avec l’Orchestre National des Pays de la Loire, met à l’honneur le compositeur contemporain estonien Arvo Pärt.
L’on progresse lentement au milieu des clients du bar. Les placeurs déploient pourtant une sacré énergie et beaucoup de patience pour remplir au mieux et célèrement la salle. Mon voisin de droite, fraîchement placé, me lance en retirant son manteau humide :

C’est un temps breton ! On va avoir un superbe temps en sortant.

Les musiciens s’échauffent en attendant le La pour s’accorder. Certains d’entre eux s’enthousiasment du plafond et des murs du grand atelier et ont l’air de théoriser sur la diffusion du son.

Clément Lebrun entre en scène. Le silence se fait progressivement dans l’assemblée. La salle reste silencieuse. Notre animateur du jour, grand sourire, reste coi. Plus d’une minute passe.

Le silence est toujours plus parfait que la musique

lance-t-il, citant Pärt. Puis nous explique, par cet exemple, que c’est au silence ou au rien que tient la qualité d’un son. Le ton est donné.

Dirigé par Anu Tali, l’orchestre est d’abord exclusivement composé d’instruments à cordes frottées et d’un piano. Cette configuration m’interroge, j’aime beaucoup les cuivres. Ils seront rejoints sur la dernière pièce par des instruments à vent et des percussions.

Je ne saurais retranscrire correctement les dires de Clément Lebrun. Malgré mes notes. Dans son rôle agaçant sympathique, il réussit à être à la fois précis et taquin, tout en se rendant accessible. Il nous évoque la vie et les influences de Pärt. Nous parle avec passion du minimalisme, de dissonance, de tintinabulisme dont Pärt est l’inventeur, ou encore de canon à proportion, technique emprunté à la combinatoire médiévale. Ainsi que du fonctionnement « extrêmement mathématique » de ses compositions.
Et pour se faire, nous déconstruit les pièces en faisant jouer séparément les différentes voix de l’orchestre. Ce dernier se prêtant avec brio à l’exercice. Allant jusqu’à nous faire entendre l’inaudible du vibrato d’une contrebasse.

Vous entendez au fond ? Non ? C’est normal !

J’ai la chance d’être au troisième rang et cela est déjà ténu.

Notre présentateur du soir nous évoque aussi le manque de considération en France pour le travail de Pärt fut un temps. Expliquant par là qu’il est rarement joué dans notre pays, alors que très populaire et produit à travers le monde. Il faut avouer que les pièces sont assez envoûtantes. Je m’égards un peu dans les nappes musicales. Répétitives. Et changeantes. En variations.

Jà se termine la représentation. Et même si le but n’était pas autre que de faire découvrir l’essence compendieuse d’Arvo Pärt, cela est un peu frustrant. Je sors un peu sur ma faim. Mon voisin de droite, qui a déjà prestement filé, avait raison. Dans la fraîcheur de la nuit, il fait beau maintenant.

CTF

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